L’amour est ce qui nous relie les uns aux autres. Tous en sont empreints, il fait partie de notre ADN universel. Toute la vie est une lutte pour la recherche de l’amour. Avec, malheureusement, la présence de son contraire et toute la souffrance qui peut en découler : le rejet, l’abandon, l’égocentrisme, la colère, la violence. Le défi de chacun de nous est d’être capable d’aimer malgré tout, de garder notre cœur de toute amertume, d’apprendre à pardonner et à demander pardon. Tout un mandat, tout un défi : nous existons pour aimer et être aimés. C’est une valeur universelle à laquelle personne ne peut échapper. Elle explique la présence de la souffrance quand elle fait défaut.
L’attachement et le détachement : perdre sans se perdre
C’est l’amour qui fait que nous pouvons tisser des liens, les premiers étant ceux de la famille. À l’entrée dans la vie adulte, nous sommes appelés à quitter ce lien de dépendance afin de voler de nos propres ailes : c’est le détachement. Dans la mesure où celui-ci se fait de façon saine, nous expérimentons l’épanouissement de notre identité, avec une capacité d’assumer défis et responsabilités. C’est ce qui favorise notre capacité de vivre de sains attachements à d’autres êtres humains.
Lorsque survient la perte d’un être cher, un lien est rompu, le détachement devient source de douleur. Cette douleur sera d’autant plus vive si l’autre était notre seule raison de vivre. Notre défi est donc de perdre sans se perdre, de vivre notre perte avec douleur, certes, mais sans que notre monde intérieur ne s’effondre. Il est important de ne pas perdre ses points de repère et d’aller chercher les ressources dont nous avons besoin si nous luttons avec la tristesse et la déprime.
Il n’est jamais trop tard pour faire le point et se réaligner vers ce qui est vraiment important et prioritaire dans la vie. Chacun a besoin dans son for intérieur de se sentir utile. Il faut pouvoir larguer les amarres pour aller de l’avant quand on est en deuil. Être prêt à explorer des domaines nouveaux lorsque nécessaire. De poursuivre l’aventure de l’amour, de continuer de se savoir aimé et d’aimer.
L’amour ne meurt pas
Tout ce qui est physique peut disparaître. L’amour, lui, fait partie de l’invisible. Il est au-delà du monde matériel. Même si la présence physique de l’être cher n’est plus, l’amour demeure.
L’héritage le plus riche que nous pouvons laisser est un héritage spirituel, où nous léguons aux autres les bénédictions que nous avons reçues. Persévérons donc à aimer, et lorsque viendra le moment de laisser aller notre dernier souffle, nous pourrons aspirer à ce que l’amour qui nous a unis les uns aux autres puisse continuer d’exister hors de ce monde physique, dans l’autre monde, invisible à nos yeux.
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René Laframboise est psychologue retraité. Il a été professeur associé à la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval.
Certains passages de ce texte sont tirés de son dernier livre : Jusquʼà ce que la mort vous sépare, aux Éditions Inspiration.