COVID-19 : Mausolée - Un mémorial dansé - Chroniques | La Gentiane - Deuil - Entraide
 

COVID-19 : Mausolée - Un mémorial dansé

En mars 2025, nous nous rappelons le triste anniversaire de cet événement planétaire qui, il y a 5 ans, bouleversait les conditions de vie et de mort de l’ensemble de la population mondiale : la crise de la COVID-19.

D’abord sidérés, nous prenions alors pleinement conscience d’être uni.es par une réalité catastrophique. Ce contexte de rupture bouleversait nos manières d’appréhender le soin, la fin de vie et la perte. Que faire de cette expérience hautement affective où des milliers de citoyens furent abandonnés à leur sort, dans la détresse, isolés et/ou confinés à domicile ou dans des CHSLD désaffectés, sans ou avec si peu de rituels funéraires salutaires ?

Le projet Mausolée, imaginé et initié par Caroline Simonis, codirectrice artistique et générale de la compagnie de danse Le fils dʼAdrien danse, propose de créer un lieu de mémoire dans l’espace public qui honore la mémoire des défunts et des parcours de deuils vécus alors. Il prend la forme d’une installation accessible et gratuite où la danse devient le véhicule d’une expérience collective.

Cette initiative s’appuie sur un important processus entre des personnes endeuillées, des artistes de la danse et d’autres disciplines, une équipe de médiation et des partenaires communautaires. Les témoignages d’une douzaine de citoyen.nes ont été recueillis et analysés, afin d’en dégager des aspects fondamentaux et communs pour inspirer la création. Plusieurs rencontres ont aussi été organisées entre les artistes et les participants, qui ont pu contribuer à la démarche artistique.

La danse comme forme de rituel

Peut-on concevoir la danse comme une dimension du rituel participant au processus de deuil ? Comment insère-t-on des actes ritualisés dans les pratiques dansées ? En quoi la limitation des mouvements lors de la pandémie rend-elle la place de la danse si nécessaire au cœur du projet Mausolée ?

C’est autour de ces questions que trois pièces chorégraphiques en duo, dont l’une créée par le chorégraphe Harold Rhéaume, codirecteur artistique et général du Fils dʼAdrien danse, seront offertes à la communauté. Par leur puissance émotionnelle, elles permettront de tisser des ponts entre les corps, les imaginaires, les mémoires et les récits des endeuillé.es.

En faisant appel à la dimension rituelle de la danse et à sa capacité d’expression, de médiation et de réparation, Mausolée offre des pistes de sens à ces épreuves humaines largement invisibilisées.

Une installation artistique à habiter ensemble

L’installation se déploiera du 16 août au 7 septembre 2025 sur un des magnifiques sites de la Commission de la capitale nationale du Québec, le domaine Cataraqui de Sillery. En plus d’être le réceptacle de moments dansés, elle invitera les citoyens à venir habiter cet espace de mémoire où les traces des disparus de la pandémie et des épreuves vécues seront évoquées et sublimées. Mausolée offrira une expérience multisensorielle grâce aux éléments visuels, sonores et aux gestes rituels de la danse mis en résonance avec le lieu de diffusion extérieur. Cette œuvre grandira au fil des interactions entre les artistes et les citoyens et grâce aux apports de ces derniers qui pourront y poser des gestes symboliques. Ainsi, chacun.e pourra se joindre à cette forme de commémoration féconde qui souhaite offrir une occasion d’apprendre de cette blessure collective, ultimement de réapprendre à respirer et à vivre ensemble avec ce qui reste en partage entre les mort.e.s et les vivant.e.s.

_______________

Caroline Simonis, Codirectrice artistique et générale du Fils dʼAdrien danse.

Classé dans : Le deuil Publié par : La Gentiane - Deuil - Entraide

Commentaires (0)

Écrivez un commentaire

Veuillez cocher pour indiquer que vous n'êtes pas un robot.
Cette vérification permet d'éviter les courriels indésirables.