« Il est parti de sa belle mort ». Voilà une expression que nous utilisons parfois pour désigner une mort douce, au bout de l’âge. La plupart du temps, son caractère prévisible la rend moins pénible à vivre pour ceux qui restent. Mais personne ne parle de belle mort quand elle implique une noyade, un accident, un suicide, un incendie, etc. Autant de drames qui emportent trop tôt et trop brutalement les gens que nous aimons.
Suite à une mort violente, l’entourage a un rôle important à jouer pour soutenir, guider, aider ou être présent tout simplement. Cette présence est d’autant plus importante que la mort violente suscite des deuils particuliers, si difficiles.
La mort violente est foudroyante. Elle frappe tel un ouragan que rien ne laisse présager. Le caractère absurde de ce drame plonge les proches de la victime dans un état de colère, d’injustice et d’inachevé. Il est d’ailleurs plus juste de parler de « reconnaître » que d’« accepter » lorsqu’on fait référence à une telle tragédie.
Dans la tête des endeuillés, les questions se bousculent : Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? A-t-elle senti sa mort venir ? Est-elle morte sur le coup ? Autant d’interrogations, d’autant plus douloureuses qu’elles demeurent sans réponse.
La brutalité des adieux
Lorsqu’on accompagne un proche atteint d’une grave maladie, le caractère prévisible de sa mort nous prépare à vivre un deuil. Le choc du décès n’en est pas moins ébranlant, mais il est en quelque sorte amorti.
La mort brutale ne laisse pour sa part aucune possibilité de préparation, qu’elle soit psychologique ou matérielle. On n’a souvent jamais discuté avec le défunt de ses dernières volontés, ce qui rend les formalités entourant le décès encore plus difficiles à affronter. Alors qu’on est en état de choc, qu’on a du mal à admettre que la terre puisse continuer de tourner, organiser des obsèques devient extrêmement déchirant.
Il est bouleversant de réaliser qu’on n’a pas eu le temps de dire adieu à l’être cher, ou encore de régler certains conflits qui existaient peut-être dans notre relation avec lui ; cette quantité possible de choses en suspens risque de rendre le chemin du deuil plus long et parfois plus difficile à traverser. Un deuil soudain entraîne beaucoup de non-dit, de non fini et de non réglé qui sont lourds à porter. Certaines personnes ne se pardonnent pas de n’avoir pas dit à l’être disparu à quel point elles l’aimaient.
J'ai perdu mon fils unique le 17 mai 2021. Sa présence me manque terriblement. Ma souffrance est immense.
Bonjour, mon frère est décédé le 12 août 2020, donc il y a 1 an et 1 mois, par accident de bateau à la pêche. Aucune idée s'il y avait de la boisson en jeu et pas de nouvelles du coroner.
J'ai perdu mon mari après 45 ans de mariage en dedans de 3 semaines, quand je l'avais emmené à l'hôpital pour bien autre chose. Son départ me laisse encore dans l'inacceptation. Je m'attend encore à le voir se lever cuisiner mais je sais que ça ne se produira pas. Je revois toujours son dernier regard et entend son dernier souffle.
J'ai perdu mon mari subitement le 13 décembre d'un infarctus. J'ai perdu ma moitié. Je ressens ce vide immense. Je me dis que ça aurait pu être autrement. Trois mois c'est peu pour apprendre à vivre sans lui qui a été à mes côtés durant plus de 45 années. Ma peine reste immense, mais je suis fonctionnelle. Mon entourage me trouve forte mais peu me voient pleurer.
Bonjour
J’ai perdu mon fils il y a 7 mois aujourd’hui et je ne sais pas ce qui s’est passé, je ne sais pas s’il a souffert, je l’aime et je lui demande pardon pour tout ce que j’ai raté.
Mon amour
Maman
J'ai perdu mon mari le 15 juin 2022. Je ne sais pas ce qui s'est passé, s'il a souffert, je ne sais rien. La seule chose que je peux vous dire c'est que vivre un deuil comme celui-là, c'est terrible. Je fais beaucoup d'efforts pour essayer de m'en sortir, je continue de travailler et d'essayer de faire mon ménage et de sortir avec ma famille. 5 minutes c'est un gros wow et 5 minutes après c'est la tristesse qui embarque. Je voudrais qu'il soit encore à mes côtés et qu'on puisse faire les choses qu'on faisait ensemble. À tous les soirs c'est très difficile, je pleure sans arrêt jusqu'à temps que je m'endorme. Merci, écrire des fois ce qu'on n'a sur le cœur ça nous fait un peu de bien.
J’ai perdu mon conjoint en l'espace d’une semaine, en mars 2022. On dit qu'avec le temps ça devient moins douloureux… je sais pas si c’est comme ça pour vous mais moi, plus le temps passe, plus je m’ennuie et plus j’ai de la peine...
J'ai perdu mon mari l'amour de ma vie le 23/2/23 d'un arrêt cardiaque à la maison. 33 ans que nous étions ensemble. Il n’avait que 64 ans. Je me retrouve seule à 56 ans, perdue sans lui. Il me manque terriblement, nous étions si fusionnels.
Perdu mon fils unique subitement le 19-01-2019, la douleur toujours aussi présente et le manque de lui, pas de mot pour le décrire. Donc oui le temps passe mais cette perte fait maintenant partie de mon quotidien, j'apprends à vivre sans lui et jamais je ne pourrai croire qu'un jour viendra où je n'aurai plus mal.
J'ai perdu mon conjoint sur le matin du premier janvier, accidentellement dans la maison. Il s'est trompé de porte au lieu de la chambre de bain, il est tombé dans l'escalier au bas de 4 marches et s'est tué. J'ai entendu son cri et c'est là que je me suis éveillée. J'habite encore notre maison, je dois m'occuper beaucoup pour oublier, mais rendu en soirée j'ai toujours le cœur serré. Cela fait plus d'une année, le mal diminue mais la mémoire est encore là. Celui qui n'a pas vécu ne peut comprendre le mal que ça fait après 56 ans de vie commune.
J'ai perdu mon conjoint subitement le 14 juillet 2022. Il est décédé à son travail. C'était mon roc, celui sur qui je pouvais m'appuyer. Il me manque énormément. La vie est parfois injuste. Je vis un jour à la fois. Je ne l'oublierais jamais. Il restera dans mon coeur à jamais.
On pourrait aussi parler de gestes symboliques pour exprimer les non dits.
Jacques Beauregard , 20 août 2021