Il a un peu plus de trois ans, j'ai appris brutalement le décès accidentel de mes deux meilleures amies, âgées alors de 15 et 16 ans. Le choc a été tel qu'il m'a fallu plus d'un an et demi avant de réaliser que je ne les reverrai plus. Parfois j'essaie de me convaincre qu'elles sont quelque part à nous attendre mais, d'un autre côté, j'essaie d'être rationnelle pour que mon entourage ne croit pas que je sombre dans la folie. Je garde des contacts avec leurs parents que j'ai toujours connus. Ils sont les seuls avec qui tout me paraît plus facile... Ils ont vécu la perte d'un enfant sans avoir eu le temps de le voir grandir... Et moi j'ai perdu ces deux filles qui étaient celles à qui je m'identifiais. Elles représentaient ma stabilité, mon enfance, mes joies, mes peines et mes souffrances.
À l'annonce de leur décès, j'étais loin d'elles... J'aurais dû être présente et même partir avec elles... J'ai été épargnée et aujourd'hui encore on me le répète : « Si tu avais été là, tu aurais été dans la voiture... » Cette voiture qui a percuté un poteau électrique à pas plus de 100 mètres de chez moi mais également de chez elles... Chaque jour nous passons devant ce lieu... Ce lieu tragique, maudit...
Pour moi, le meilleur moyen de s'en sortir est de s'intéresser aux autres qui ont aussi vécu un deuil. Ainsi on se sent compris(e).
Je vous souhaite à tous et à toutes du courage. Tenez bon et soyez forts, vivez pour eux... C'est ce qu'ils auraient tous voulu.
Cathy
(France)