Il y a à peine 17 jours, quatre jours seulement après mon anniversaire de naissance, ma mère est partie. Elle avait 50 ans, et moi seulement 26. Je suis ce que l'on peut qualifier de fille à maman. Voilà que je me retrouve seule... D'un côté, je sais qu'elle est bien où elle est car elle souffrait tant... Elle avait un cancer du poumon ainsi qu'un cancer des os. Je l'ai accompagnée, jour et nuit, dans son difficile combat. J'ai toujours été là pour elle. Quand elle a su qu'on ne pouvait pas rien faire pour elle, j'ai partagé son désir qu'elle s'éteigne à la maison. J'ai alors été bien entraînée par les infirmières du CLSC et par son médecin pour intervenir en cas de détresse respiratoire. Son état se détériorant, son médecin lui conseilla fortement de terminer ses jours dans un centre pour soins palliatifs. Du jour au lendemain, elle accepta d'y aller, prétextant qu'elle y serait plus en sécurité si une détresse respiratoire survenait étant donné que les infirmières reconnaissent beaucoup mieux les signes de détresse que moi.
Il faut comprendre que ma mère avait terriblement peur que sa mort survienne par l'entremise d'une détresse respiratoire. Je dirais qu'elle avait plus peur des événements qui se produiraient avant sa mort qu'à la mort elle-même.
Je dis toutes ces choses car le matin de sa mort, après avoir passée toute la nuit à lui tenir la main, elle est tombée en détresse respiratoire. Jusque là elle avait eu de bons soins dans ce Centre, mais à son dernier matin sur notre terre, ce fut une infirmière de remplacement qui fut de garde. Son inexpérience en soins palliatifs m'a rendue folle de rage... Elle m'a annoncé que ma mère était décédée alors qu'elle ne l'était pas et, par la suite, au lieu de se dépêcher à lui administrer le protocole de détresse, elle prenait sa pression et des trucs comme ça. Finalement, elle lui a injecté alors qu'elle n'avait plus de pouls. Si elle avait été à la maison, je n'aurais pas hésité à lui injecter le protocole de détresse et, de cette façon, je serais plus en paix avec moi-même car elle ne serait pas décédée avec la détresse dans ses yeux.
Je sais qu'elle est bien où elle est, qu'elle veille sur moi... Mais vais-je un jour accepter l'impuissance que j'ai ressentie le matin de sa mort ? Il aurait fallu que je me fasse confiance et que j'insiste pour qu'elle demeure à la maison...
Je t'aime maman.
Danielle
Montréal (Québec)