Ce mardi 4 mai 2021, j'ai appris le décès de mon frère, alors qu'il est décédé le 11 avril 2021 et a été incinéré sans sa famille le 21 avril.
Ancien officier de marine à la retraite (il avait 16 ans de plus que moi), il vivait seul, n'avait pas eu d'enfants, il était divorcé. Je lui téléphonais régulièrement, mais je respectais sa volonté d'indépendance. Il fait maintenant partie des statistiques de personnes décédées du Corona. Pourtant il était excessivement prudent, sortait peu soit pour aller jouer au tennis en extérieur chaque jour, soit pour faire ses courses. C'était un sportif, une force de la nature.
Je suis en colère car ce sont ses amis qui se sont chargés de ses funérailles, sans nous avoir avertis ni de son hospitalisation dans un état grave, ni de son décès. Ils n'avaient pas nos coordonnées... À l'heure des réseaux sociaux, je suis sidérée qu'aucun n'ait envisagé de taper nos noms sur Google, ni même d'avoir essayé de nous retrouver via la police.
Mon mari, ma fille, mes fils, ma sœur et ses enfants, nous sommes tous sidérés, en colère mais aussi d'une tristesse incommensurable.
Comment des amis ont-ils pu prendre la place de la famille? C'est inhumain.
Mon frère avait plusieurs facettes, il était capable de se montrer dur en paroles envers nous face à ses copains, alors que lorsqu'il était avec nous, il redevenait le grand frère protecteur; celui qui était revenu de son premier voyage en bateau en Espagne avec une poupée plus grande que moi pour moi, sa petite sœur de 4 ans. J'ai fait du tennis, du karaté, de l'équitation avec lui. Il m'a appris à nager. La vie a fait qu'après son mariage, il s'est un peu éloigné de nous, mais n'est-ce pas la logique? Après son divorce, il s'est rapproché, puis a rencontré ses « amis ».
Nous étions toujours en contact avec lui, malheureusement cette pandémie a fait que la dernière fois qu'il a participé à une fête de famille, c'était en février 2020. Mais nous prenions des nouvelles très souvent.
Sauf que... En avril j'ai été très occupée avec ma famille nombreuse. Mais ma sœur a continué de lui téléphoner et était même fâchée car elle pensait qu'il ne lui répondait pas volontairement...
Je lui ai téléphoné le 27 avril et le 4 mai, et suis arrivée sur sa boîte à message où je lui ai dit que nous nous inquiétons.
Comment deviner qu'il était déjà parti...
Pour ses « amis », nous ne nous occupions pas de lui, car il négligeait de leur dire que nous étions en contact. Je pense que ça les confortait dans leur idée que la vraie famille c'était eux, tous célibataires ou divorcés, sans famille...
Bref, la colère, l'incompréhension sont très présentes... Nous restons avec nos questions.
Si nous avions vraiment délaissé mon frère, il aurait fallu plus de 3 semaines pour qu'on se rende compte que quelque chose clochait. Et comment deviner une hospitalisation, un décès quand, pandémie oblige, les contacts ne se font plus que par GSM, et que les dits GSM sont bloqués avec des codes pour empêcher les vols, donc c'est impossible de trouver la famille dans les contacts...
Nous allons devoir essayer de faire notre deuil, mais ça va être compliqué...
Arielle