Maman vient de nous quitter ce 14 août après une fracture du col du fémur. Je l'ai accompagnée chaque jour à la clinique puis à la maison dans le cadre d'une hospitalisation à domicile. Elle s'est enfoncée sans se plaindre, se rattachant aux mots d'une vieille ritournelle apprise à l'école, s'agrippant à ces mots comme à une bouée de sauvetage car des troubles cognitifs l'empêchaient de s'exprimer comme elle l'aurait souhaité. Nous l'enterrons demain et je redoute l'épreuve de la mise au tombeau comme celle des jours qui vont suivre.
Chaque geste de la vie quotidienne me ramène à elle, m'arrache des larmes, je lui offre ces gestes comme elle m'a offert la vie. Elle avait 94 ans. Souvent déjà, si elle n'était pas réveillée à mon réveil, j'avais approché mon visage du sien, redoutant de ne plus l'entendre respirer, puis un léger ronflement me réchauffait le cœur. Ce matin-là, le silence m'a réveillé et j'ai su avant même d'entrer dans la chambre que c'était fini.
Elle était tout à la fois ma mère et ma fille. Je souffre la perte des deux.
Guilhem
(France)