Mon beau frère nous a quittés en début d'année à 34 ans suite à une douloureuse maladie. Nous étions très proche et je l'ai accompagné tout au long de l'évolution de sa maladie, avec ses espérances et ses rechutes, et ce jusqu'au dernier jour, envers et contre tous les qu'en-dira-t-on et les regards en coin.
Il faut dire, pour comprendre, que mon beau-frère est décédé du sida. En plus du chagrin et de la difficulté d'aider quelqu'un qui se voit mourir à petit feu, il faut affronter l'extérieur. Je suis restée très forte tout au long de la maladie en ne changeant jamais mon comportement vis-à-vis de lui, même si les dégâts physiques et mentaux de la maladie empiraient de jour en jour. Mon regard pour lui fut le même qu'avant la déclaration de la maladie et jusqu'au bout nous lui avons expliqué que nous acceptions et assumions ses choix.
J'ai organisé les obsèques avec ma belle-sœur et j'ai soutenu ma belle-famille et mon mari sans rien laisser voir de mon chagrin à moi. Aujourd'hui, trois mois après, je n'ai toujours pas eu mon moment à moi où j'ai eu le droit de craquer.
Je pense chaque jour à lui et à nos moments, à nos derniers instants ensemble dans cet hôpital, à toutes ces choses qu'on a fait pour la dernière fois. Et, malheureusement, les images de lui qui me reviennent sont les plus dures, comme si je ne pouvait plus me souvenir de lui avant.
Kath
(France)