Mon mari s'est suicidé il y a maintenant un peu plus de 2 ans. Depuis cet événement, ce fut la descente aux enfers, les interrogations, le déni, la culpabilité, le ressentiment, la peine, le sentiment de rejet, la honte et j'en passe. J'ai encore énormément de peine et d'en parler m'est encore extrêmement pénible; je ne le fais qu'avec des proches et encore. Lorsque je rencontre des étrangers et que je dois leur dire que je suis veuve, j'ai peur qu'on me demande la raison du décès de mon mari, alors j'essaie d'éviter le sujet. Je ne comprends toujours pas les raisons de son suicide et même si certaines réponses me viennent, aucune n'est assez valide pour justifier ce geste.
Il fut un temps où tout cet événement occupait mon esprit à 100%. Maintenant, il y a de la place pour autre chose et je recommence à aimer ce qui m'entoure, mes filles surtout. Son amour et sa tendresse me manquent. Comme je ne peux plus rien faire face au passé, j'essaie maintenant d'apporter du bonheur autour de moi. Je ne vois plus les choses de la même manière mais je sais qu'on peut être heureux malgré tout.
Il faut du courage et surtout se dire que, malgré tout, le suicide c'est un choix personnel qui n'appartient qu'à la personne qui pose ce geste. Je ne crois pas que l'on doive vivre en se sentant toujours coupable, ça ne conduit nulle part. Il faut, je crois honnêtement, faire le bilan, vivre son deuil et un jour tourner la page et oser faire confiance à nouveau. Je suis heureuse d'avoir mes enfants, elles ont été d'un grand réconfort et, surtout, elles m'ont donné la force de continuer à vivre.
Patricia
Baie-Comeau (Québec)