Mon père, il y a de cela seize ans presque, est décédé des suites d'une longue maladie. Bien qu'on s'y attendait depuis quelque temps, sa mort est arrivée beaucoup trop vite. Je me souviens de ce jour mémorable, c'était un 9 décembre, j'avais 20 ans, on a reçu un téléphone vers 10 h nous annonçant que c'était terminé. Ma mère et mon frère sont partis pour l'hôpital y recueillir ses affaires et signer les derniers papiers. Pendant ce temps, je suis restée seule à la maison, serrant dans mes mains ma croix. Je ressentais sa présence et, curieusement, je n'avais pas peur. Ensuite, nous nous sommes couchés, mais j'ai très mal dormi. Le lendemain, il y aurait tant de choses à faire.
Les jours qui ont suivi, je les ai vécus comme dans un rêve. À chaque instant, il me semblait que j'allais me réveiller, que tout serait comme avant, qu'il reviendrait à la maison. Mais plus les jours passaient, plus je perdais mes illusions. Il ne reviendrait plus jamais. C'était fini, et moi ici-bas, je m'ennuyais d'entendre sa douce voix. Sa présence me manquait, il était parti beaucoup trop tôt.
Puis les mois et les années passèrent, la souffrance est devenue un immense gouffre. Le jour, je ne me permettais pas de pleurer l'être disparu, car je ne voulais pas qu'on croit que j'étais bien faible. En plus, ma mère pleurait beaucoup, alors je ne voulais pas alimenter davantage son chagrin. Mais le soir, dans ma chambre, je donnais libre cours à mes sanglots trop longtemps retenus. Je lui en ai longtemps voulu d'être parti, puis je lui ai pardonné.
Pendant les deux années qui on suivi sa mort, je l'ai nié, j'ai caché ma souffrance, mais elle m'a rattrapée au détour. Avec le temps, la douleur s'est commuée en précieux souvenirs que j'ai enfin réussi à accepter. Il est parti, il est maintenant heureux, et de là-haut il nous aide et veille sur nous. Car maintenant, je suis convaincue qu'il vit dans l'amour éternel et qu'il veut nous en faire profiter.
Je le remercie de m'avoir donné la vie et d'avoir fait de moi ce que je suis devenue. J'ai longtemps voulu aller le rejoindre. Maintenant, j'irai le rejoindre quand mon heure sera venue, pas avant !
Grisou
Joliette (Québec)