Tonton,
Tu nous as quittés depuis 7 mois déjà. C'est Mamy qui t'a trouvé, écroulé dans ta cuisine, alors qu'elle n'arrivait pas à te joindre depuis 2 jours. Et 2 jours avant que tu partes, justement, tu devais passer la soirée avec Mamy et moi, pour la fête de la musique ; mais, tu nous as appelés pour nous dire que tu ne te sentais pas bien et que tu ne viendrais pas. Nous aurions dû insister, tu aurais pu dormir chez Mamy et on aurait peut-être pu te sauver ou du moins essayer. Au lieu de ça, tu es parti par un dimanche ensoleillé, seul dans ton appartement, seul comme tu l'étais depuis des mois après avoir perdu le droit de voir tes enfants un week-end sur deux. Si tu savais comme je m'en veux de ne pas avoir été plus près de toi. La dernière fois que je t'avais eu au téléphone, maman m'avait mise à la porte, tu m'avais alors dit que je pourrais toujours compter sur toi. Tu n'as pas tenu parole, pourquoi ?
Les mauvaises langues ont été dire que tu étais décédé à cause de l'alcool, mais c'est faux, tu avais arrêté depuis quelque temps visiblement, car on n'a rien retrouvé chez toi, ni dans ta voiture. Pour ça, je suis fière de toi, Tonton.
Tous les jours, je pense à toi, tous les jours, je regrette ton départ, et puis je me dis que tu avais suffisamment souffert, que c'est peut-être mieux ainsi. Mais on avait encore tant de choses à vivre ensemble ! Tu étais un des seuls à croire en moi, à me redonner confiance, et chaque fois que je monte sur la glace, je regarde dans les gradins, là où tu t'asseyais lorsque tu venais nous encourager, j'ai l'impression de t'y voir encore, que tu es là, que tu me parles, je sens que tu me guides.
Le jour de ton inhumation a été atroce, toute la famille était là, réunie comme elle ne l'avait pas été depuis bien longtemps. Quelques-uns d'entre nous sommes allés te dire un dernier "au revoir" dans la salle où tu étais (la "mise en bière" comme ils appellent ça, assez ironique pour un ancien alcoolique, n'est-ce pas ?). Tu gisais là, dans ton cercueil, à l'étroit, en costume cravate, tu étais pâle, ton visage déformé. Maman t'a glissé dans la veste une lettre que je t'ai écrite. Puis, ils sont venus te chercher, nous sommes descendus à la chapelle. Petit discours du prêtre, disant que Dieu t'a rappelé à lui, et patati et patata... Et moi, si je te rappelle, tu vas revenir à nous ? Pourquoi ça marche pas dans ce sens-là ? Vite, il faut rouvrir ton cercueil, tu vas prendre peur, faites quelque chose ! Ensuite, direction le crématorium, moment très pénible, là encore, il faut dire que les chansons qu'on avait choisies ne nous aident pas non plus. Au moins, la chanson "Sang pour sang" de Johnny Hallyday, nous fait prendre conscience que "au-delà de nos différences, des coups de gueule, des coups de sang, on se ressemble 100 %". Puis, sur le fond de "Unchained Melody", de Gareth Gates, ils emmènent ton corps... C'est fini, tu es parti...
Tu me manques, Tonton, si tu savais à quel point... Depuis que tes yeux se sont fermés, les miens ne cessent de pleurer. Repose en paix. Je t'aime.
Rachel
(France)