J'ai perdu beaucoup de monde autour de moi (une cousine, deux petits amis, oncles, tantes, une amie suicidée, un ami décédé d'un cancer en août dernier, mes grand-parents... le bilan est lourd), et ma mère depuis bientôt cinq ans... à ce décès-là, je ne m'y fais pas ! J'ai la sensation que je ne m'y ferai jamais... Qu'est un deuil au juste et comment le fait-on ? Cette question ne me quitte plus ; c'est récurrent ! Comment accepter l'irrémédiable ? Être là, face à ce mur opaque et tenté de comprendre ce qui m'échappe ! Un rien me rappelle ces êtres chers perdus, une odeur, une image, tout devient évocateur. Ces décès m'ont fragilisée ; j'ai beau me dire que l'on peut en tirer de la force, et une certaine sagesse, un regard différent sur la vie... rien ne change, je demeure écorchée et mes plaies béantes saignent à n'en plus finir ! Je me disais que les années allaient sans doute m'aider à panser mes blessures... les années ne font que rendre l'absence plus lourde et pour moi, augmentent le « quota » de proches partis !
Aujourd'hui je me dis que je préférerais partir avant ceux que j'aime pour ne plus avoir à souffrir de leur absence... le manque est trop fort ; notamment celui de ma mère parce que j'avais tant de choses à régler avec elle. Je porte en moi le poids des remords, des regrets et des questions sans réponses. L'envie de la voir parfois est si puissante que ça m'en arrache les tripes !
J'ai le cœur en vrac, en miettes, c'est si vide ! Rien ne vient combler ce gouffre. Il m'arrive de m'y noyer, de suffoquer; je voudrais enfin accepter sa mort et celles des autres personnes que j'ai perdues, mais je ne vois pas comment faire, tout est trouble, insoluble. Je lutte contre d'incessantes douleurs, contre les souvenirs qui me submergent, je suis fatiguée, usée par cette bagarre contre moi, contre la mort... j'ai besoin d'être en paix, en paix avec moi et par là, les laisser enfin se reposer !
Jude
Paris (France)