J’ai perdu ma maman, la femme de ma vie. Demain ça fera un mois.
Après l’abandon de mon père, ma mère s’est battue toute sa vie pour m’offrir une belle vie, elle m’a baignée d’un amour tellement inconditionnel, je sais qu’il est aujourd’hui à la hauteur de ma peine.
J’ai 29 ans, et nous lui préparions une surprise pour son anniversaire, elle allait faire 67 ans. Elle souffrait d’un BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), et j’alternais entre Paris et Toulouse pour m’occuper d’elle. J’avais tellement peur qu’elle se sente seule, j’étais sa seule fille et je regrette terriblement de ne pas avoir juste tout quitter pour vivre avec elle chaque instant. Elle me préservait de tout, et surtout de la gravité de la maladie. J’aurai du appeler ses docteurs, je m’en veux terriblement. Je voyais dans ses yeux la joie immense à chacun de mes retours. Quelques jours avant son décès je l’avais au téléphone, tout allait bien, son souffle avait augmenté. Elle avait été hospitalisée quelques jours avant mais m’avait rassurée en me disant que ses constantes étaient meilleures. Et deux semaines plus tard alors que je suis à Paris, elle ne répond plus.
Je n’oublierai jamais ce jour. Je l’appelle, demande à des amis de venir, elle ne répond pas. Mon compagnon appelle les pompiers et j’aurai toujours en tête le bruit de la porte qu’ils essayaient de défoncer. Et j’entends mon amie pleurer au téléphone, je comprends. À ce moment j’ai senti mon âme de déchirer, si mon copain n’avait pas été là, je me jetais sur la route.
Elle était parfaite, ma maman a été une battante qui a eu une vie très dure mais qui a trouvé au fond d’elle la force d’aimer comme personne. Elle aimait mes amis, ils étaient comme ses enfants, et tous les gens qui ont eu la chance de la rencontrer me témoignaient toujours de l’amour qu’ils leur portaient, de la force de notre complicité. Elle était mon tout, ma raison d’avancer, elle m’a toujours poussée à vivre et découvrir le monde mais elle était fatiguée, et j’en veux terriblement à l’hôpital de l’avoir laissée sortir (après avoir vu son dossier médical) ou de ne pas m’avoir contactée.
J’en veux à la vie de m’avoir placé en enfer jusqu’au restant de mes jours. La douleur est si intense que je me demande pourquoi je suis toujours là. Je n’ai pas connu mes grands-parents, et je me suis toujours imaginée vivre ma grossesse avec ma mère, ses conseils, sa douceur, sa présence. La voir s’émerveiller devant ses petits-enfants. J’en suis privée, à 29 ans je suis orpheline et je n’arrive pas à trouver un sens à la suite sans elle. Elle était la personne la plus drôle, aimante, compréhensive. Elle m’a donné de l’amour pour deux, et sans elle je perds le sens de ma vie.
Cela fait des heures que je lis vos témoignages, ils m’attristent autant qu’ils me rassurent (de ne pas me savoir seule). J’aimerais pouvoir être dans une pièce et vous enlacer chacun car je sais à quelle point notre vie est désormais teintée de noir, j’ai peur de ne jamais réussir à être heureuse. J’ai peur de la vie sans elle, en fait, je ne veux pas de la vie sans elle.
Je vous envoie tout mon amour, et je nous souhaite de pouvoir un jour sourire et nous dire « aujourd’hui je suis heureux, et c’est ce qu’elle aurait voulu ».
Laetitia