J'espère que cette lettre m'aidera à surmonter une partie de ma peine. J'ai perdu ma mère quand j’avais 2 ans et j'ai eu une enfance très difficile sur tous les points de vue, financier, familial, etc. Aujourd'hui j'ai 48 ans et j'ai bien réussi ma vie malgré tout... je me suis battu à fond et j'ai une bonne éducation, je suis chef d'entreprise, marié, avec 2 enfants, et très stable financièrement et émotionnellement.
Je suis passé par plusieurs phases dans mon deuil :
- De 2 ans à 8 ans, quelque chose me manquait tout le temps, comme un vide émotionnel mais je ne savais pas quoi vraiment puisque je ne l'ai jamais connue.
- Entre 9 ans et 20 ans j'ai appris à me battre seul et j'étais tellement occupé à gagner les batailles que je me suis habitué à la situation.
- Entre 20 et 35 ans je trouvais ça triste et je pensais que la vie est tellement injuste et je me sentais seul tout le temps.
- Cependant ce n'est qu'après mon mariage et après avoir eu 2 enfants que je suis le plus triste quand je pense à elle.
Maintenant que j'ai des enfants qui ont une mère formidable, je réalise combien ma vie était dure et combien j'ai manqué d'attention et d'affection étant enfant moi-même.
Deuxièmement, je réalise combien elle aurait dû être inquiète pour moi avant de mourir de sa maladie à 30 ans en laissant un bébé de 2 ans...
Troisièmement, je suis tellement triste que mes enfants soient sans grand-mère...
Finalement, aujourd'hui ce que je trouve le plus triste et insupportable c'est la fatalité de savoir que je vais vivre et mourir sans la connaître, sans savoir à quoi elle ressemble... des fois quand je suis seul j'ai les larmes qui montent aux yeux... et je trouve que ce n'est que maintenant à 48 ans que j'ai pu enfin souffler et vivre mon deuil... étant petit j'étais tellement occupé à survivre !
C'est la première fois que je partage ma peine, mes émotions et le fond de ma pensée avec quelqu'un, merci de m'avoir lu !
Chevalier
Montréal (Québec)