Cela fait près de sept mois maintenant que Rémi est parti. Après une période où tout le monde a été très gentil autour de nous, très attentionné, maintenant les gens semblent penser que nous sommes remis et que nous avons assumé le choc. Il n'en est rien.

Personne ne comprends que je sois triste en ce moment alors que je parais si forte. On me dit de me bouger, d'aller de l'avant alors que je n'arrive même plus à me souvenir des odeurs de mon fils, de la texture de ses cheveux. Je n'arrive plus à l'imaginer dans mes bras. Pour moi, tout s'est figé, comme les photos que j'ai de lui. Rémi aura éternellement deux ans et demi. Il ne grandira pas, même malade comme il l'était, c'est très dur à accepter. Tout ce qui nous reste ce sont deux ou trois souvenirs heureux. Tout le reste de sa petite vie n'a été que souffrance, pour lui si malade, pour nous si malheureux d'être impuissants.

Alors voilà, j'ai envie de tout laisser tomber. De ne plus faire comme si tout va bien et que le souvenir de Rémi est en train de s'estomper. Au contraire, plus le temps passe, et plus j'ai peur de l'oublier. Mais j'ai tellement peu de moments de bonheur auxquels me raccrocher.

Un autre bébé... quand on a 25% de chance qu'il soit aussi malade que Rémi, c'est de la folie. Adopter un enfant... cela me fait peur aussi. J'ai peur de ne pas savoir comment faire avec lui. Ce qui m'effraie le plus, c'est que je me surprends à être heureuse, à rire, et j'ai l'impression d'oublier Rémi dans ces cas-là.

Voilà, un peu de manière incohérente, tous mes sentiments du moment. J'avais déjà mis deux témoignages sur ce site. Ils m'avaient fait du bien. Je remercie tous ceux qui voudront bien, à nouveau, m'apporter leur soutien. J'ai vraiment l'impression que personne ne peut comprendre vraiment ce que je ressens.

Amitiés à tous,

Élise
Paris (France)