Mon plus jeune fils, 18 ans, est sorti avec ses amis. J'ai besoin de parler, de crier. Freddy, mon fils, n'est plus près de moi depuis le 19 mai 1998. Il venait d'avoir 25 ans trois jours plus tôt. Je ne saurai jamais si son geste a été volontaire ou si c'est un accident. Il aimait les armes, une d'entre elles s'est logée dans la tempe. Je voudrais pouvoir HURLER ma douleur, ce manque, mais où aller pour qu'on ne m'entende pas. Seuls, mes deux fils (18 et 23 ans) sont ma raison de vivre. Comme d'autres, je ne peux plus imaginer l'avenir. J'aimais la vie et aujourd'hui je ne sais plus. Freddy était mon confident. Doux, rieur et généreux. Il ne possédait pas grand chose car il donnait pour faire plaisir. Le plaisir des autres lui suffisait pour être heureux.
Une semaine avant ce jour du pas joli mois de mai, nous nous sommes disputés. J'avais préparé une lettre pour lui dire que je m'en voulais de lui avoir parlé durement. Freddy est reparti chez son père (nous sommes divorcés) et la lettre est restée dans mon sac.
Je me sens coupable de ce qui est arrivé. Une amie me dit que non, que c'est bien présomptueux. Mais dans ma chair je le ressens ainsi. Les frères de Freddy ne cessent de me dire qu'il comprenait que je le « remue », que c'était pour son bien.Il comprenait que je puisse me faire du souci pour lui et cela me rendait parfois anxieuse car j'aurais voulu que la vie soit aussi généreuse avec lui qu'il l'était envers les autres.
Si ton geste fut volontaire, Freddy, je te demande pardon de n'avoir pas su déceler ton mal être. Pour toi, Freddy, pour tes frères et pour ton papa, je continuerai à me battre même si mes forces semblent m'abandonner. JE T'AIME TANT MON FREDDY.
Nadine
Enghien-les-Bains (France)