Tu m'as dit : « je ferai pas tard mams ! ».
À 5h toujours pas là. Je t'ai envoyé plusieurs messages, pas de réponses... À 9h, on sonne à la porte. Deux policiers et là c'est un tsunami. Retrouvé inconscient. Urgence vitale... vite je m'habille et je vais à hôpital. Ton père me rejoint et on attend dans cette salle d'attente des heures. Tu étais sur la table d'opération pour stabiliser ton hémorragie cérébrale. Je cherche auprès de tes amis des infos. Rien… tout le monde essaie de savoir ce qui s'est passé. Enfin on peut venir te voir. Tu es intubé, en coma artificiel. Tu es dans un sale état mais tu es encore en vie. Je tiens bon. Tu es un battant. Ce n'est pas envisageable autrement... Des montagnes russes d'émotion. Un élan de soutien de prières sans nom. On ne peut pas te toucher ni te parler pour ne pas trop te stimuler. C'est horrible de te voir la sans bouger toi qui ne tenait pas en place. Avec une telle énergie et vitalité. Ton sourire et ta voix me manquent...
Et là je sens que tu ne veux plus te battre. Nous faisons venir ton frère te voir le vendredi et samedi matin. Appel en urgence, tu ne vas pas bien. Ton cœur lâche... Nous sommes à tes côtés, je te supplie de te battre, de ne pas me laisser... J'aurais donné ma vie pour prendre ta place sans hésiter... Et à 10h50 tu t'es éteint. Et là mon cœur avec toi aussi s'est arrêté...
Je ne suis plus dans ce monde. Je vois la vie mais je suis en apnée... Je tente de survivre... Et là tout s'enchaîne... Appel à la famille, aux amis... Pompes funèbres... Cérémonie. Faire part... Et tout semble irréel... C'est quoi cette vie où on doit organiser l'enterrement de son fils de 21 ans... c'est quoi ce monde... je suis perdue. Anéantie et sans toi ma raison de vivre. De me lever le matin. D'espérer dans un monde meilleur. Je ne sais même pas ce qui t'a arraché à moi. Une enquête en cours. Personne ne parle. Des jours je pourrais mettre la ville à feu et à sang car on m'a enlevé l'amour de ma vie.
Toi qui m'a rendu femme et mère... comment je vais faire sans toi... Je sais pas je sais juste que tu n'es plus là et je pleure de ton absence…
À mon fils Luka
Katou
Martigny (Suisse)
Commentaires (3)
J'ai vécu la même chose, tellement réel, tellement vrai, nos enfants sont notre raison de vivre! Même ne faire qu'un pas à la fois est rendu pénible. Il faut s'accrocher, après quoi? On sait pas trop non plus. La vie continue, mais il y aura toujours un vide.
Oui, Katou, cette phrase "comment je vais faire sans toi..." c'est la première phrase que j'ai dite en voyant ma fille Johanna morte couchée dans son cercueil. Je vous envoie du courage.
Cette histoire est vraiment triste, bon courage aux parent de Luka.
Lucia Bedard, 4 novembre 2023