Tu es venu.
Ta Maman a pris soin de m'appeler. La dame aux cheveux blancs était là toujours aussi imposante. C'est à peine si elle m'a dit bonjour. Je suis entrée calmement, j'ai posé le sac lourd que je portais. Tout était calme, tranquille, reposé, caché du monde. Je ne pouvais voir le jour au travers de la fenêtre puisqu'une carrure imposante en cachait l'accès...
Silhouette découpée, tant aimée, tant caressée, je t'ai reconnu. Mon coeur a commencé à s'emballer quand tu es venu vers moi, sans un mot, tu as juste niché ta tête dans mon cou et tu m'as dit : « Je t'attendais, merci d'être venue ». Les volutes bleus de ta cigarette m'ont enivrée. « Je t'ai apporté les vêtements que tu me demandais » t'ai-je dit. Tu étais si pâle, si calme, si serein, amaigri, si rajeuni... Le temps semblait ne plus avoir d'emprise sur toi. Ta longue main a serré la mienne, ton pas a claqué le sol et nous allions nous asseoir... La vie allait donc reprendre ses droits, le voile noir était donc parti...
Que de mauvais moments nous avions passés depuis ces huit mois... le printemps et ses petites fleurs nous attendaient. Tu étais de nouveau Papy fou d'un petit garçon et d'une petite fille. Deux autres étaient à venir en été et en automne. Que de promesses !
Mes larmes se sont mises à couler, quand le réveil a sonné... il était l'heure que je me lève. Je ne parviens pas à quitter cette si douce nuit.
Marie
Quévreville-la-Poterie (France)