Elle était forte, elle était mon modèle... Je la pensais invulnérable mais la dépression me l'a enlevée. Depuis 10 ans, je livre bataille entre apaisement et effondrement. Je recherche le creux de ses bras sans plus jamais pouvoir m'y reposer. Mon monde, une partie de moi, de mon histoire est partie avec elle. Nous avions tant à partager ensemble encore. Elle ne serrera jamais ma fille dans ses bras et mon cœur hurle de cette injustice. Je vis une vie en décalé, je marche à côté de tous sans pouvoir jamais échanger sur ce drame mal compris.
La naissance de ma fille a réveillé tant de choses en moi... Devenir mère a changé le filtre à travers lequel je la voyais et de ça je ne pourrais jamais en parler avec elle... Je comprends tellement mieux sa colère, non contre nous ses filles mais cette société qui malmène les mères. Nos discussions me manquent, sa présence rassurante. Comment faire comprendre que son dernier geste n'a rien à voir avec ce qu'elle était... Elle était un pilier sur lequel on pouvait toujours compter, qui mille et mille fois avait fait face à l'adversité.
Tu me manques tellement. Si je pouvais revenir en arrière, tenir ta main et arriver à fendre les entrailles de cette dépression... Que tu voies à quel point nous t'aimons, à quel point cette maladie s'est saisie de toi pour te faire croire que sans toi nos vies seraient meilleures... Cette maladie n'est que mensonge, seul l'amour que tu nous portais nous pousse à avancer. Je me sens parfois si perdue mais je sais combien la vie peut offrir le pire comme être miraculeuse.
Si tu voyais son sourire, sa joie de vivre, sa ténacité. Je vous imagine parfois cueillant ensemble les fraises, baignées par le soleil, discutant et riant. De toi, il me reste le plus beaux, le plus précieux, ce que même la mort ne peut emporter avec elle... Ce qu'aujourd'hui je lui transmets à mon tour...
Où que tu sois, j'espère que tu le vois. Je t'aime maman.
Mina
Rivery (France)