Le 17 février, mon fils décédait dans un accident de la route. Lésions cérébrales irréversibles après un choc violent contre un arbre. Visiblement il a cherché à éviter quelque chose... Et ce quelque chose nous ne le connaîtrons probablement jamais.
Trois mois ont passé. Depuis ce 17 février, « ce qui est arrivé » hante mon esprit 24 heures sur 24. Nous nous retrouvions très souvent puisque nous étions en train de rénover ensemble une maison dans laquelle il devait emménager avec son Amour. En une fraction de seconde, tout a été pulvérisé. L'avenir et ses projets, l'enthousiasme et la complicité qui nous animaient. Il y avait cette vie d'avant, insouciante, et maintenant il faut envisager la vie d'après parce que nous n'avons pas le choix, parce qu'il n'y aura pas de retour en arrière. Et pourtant chaque matin, en me réveillant, je veux sortir de ce cauchemar. Je n'y crois toujours pas. Il va arriver, là au coin de la maison avec le sourire qu'on lui connaît. Chaque jour est une torture parce semblable au précédent.
Mais le chemin vers l'apaisement existe. Je crois à cette relation intérieure qui, petit à petit, se substituera à la relation extérieure à jamais coupée. Ce jour-là, dans quelques mois... années, je sentirai mon fils avec moi souriant et complice. La douleur se sera atténuée.
En attendant, il faut gérer le manque et l'absence. Il n'y a pas de mots pour exprimer ce qu'il nous faut traverser. Cette épreuve contre nature était-elle nécessaire ? Comment revivre après un tel cataclysme ? Et pourtant, pour ceux qui restent, pour la mémoire de nos chers disparus, il faut faire face et rester debout. Mais il est bien certain que, jusqu'à la fin de nos jours, nous serons marqués de manière indélébile par un événement que nous n'aurions jamais dû connaître.
Le temps fait son travail, lentement, très lentement. Soyons forts et courageux. Je sais que c'est facile à dire...
André
(France)