Le 18 janvier 1998, à 3 h 25 p.m., décédait ma mère. Elle n'était âgée que de 59 ans. Je suis fille unique et lui ai donné trois petits-enfants. Elle ne vivait que pour eux. Toute sa vie, elle a trimé à l'ouvrage, puisqu'elle vivait seule. Elle ne m'a pas élevée mais fait adopter par sa propre mère adoptive. Ce serait trop long à raconter, mais je dois le souligner pour qu'on puisse bien comprendre tout l'impact de sa mort sur ma petite famille.
Elle a reçu son diagnostic en novembre 94. Je me rappellerai toujours cette journée. La veille de son rendez-vous, elle m'a téléphoné, me disant qu'elle était prête à consulter. J'ai rapidement trouvé une place chez mon médecin puisqu'elle n'en avait pas. Ce fut un cancer des ovaires. Et là, le combat a commencé. Et quel combat ! Par trois fois, nous nous sommes fait dire, elle et moi, qu'il ne lui restait que quelques semaines à vivre. Elle aura vécu trois ans et des poussières avec ce cancer. Il s'est terminé par des métastases au cerveau. Pourtant, on nous avait affirmé que jamais un cancer des ovaires n'atteignait le cerveau.
Bref, nous avons vécu ces années comme un enfer. Ma mère était tout pour moi et mes enfants. J'ai été avec elle jusqu'à son dernier souffle. Dans son lit d'hôpital, couchée avec elle les trois derniers jours. Et nous avons laissé échapper sa dernière respiration ensemble. Elle m'a mise au monde et je l'ai aidée sans relâche à vivre cette séparation.
J'ai appris à vivre sans elle (physiquement), mais nous avons son urne à la maison. C'est ce que je désirais, et mes enfants aussi. Dans un petit coin de ma chambre trône notre portrait sur l'urne et trois petits oisillons représentent chacun de ses petits-enfants. Dans l'urne l'accompagnent les dessins de ma grande, une carte de hockey de mon gars et la dernière suce de ma fillette. Elle était au courant de tout cela avant de rendre l'âme. Et elle savait aussi ce que j'allais lui lire à l'église.
J'aimais ma mère quasiment plus que tout au monde, presque autant que mes enfants. Aujourd'hui, je prend un soin particulier de chacun de mes enfants séparément. Mais mon deuil se poursuit et j'avance en maturité et en sagesse à travers ses souvenirs à elle. Et je tâche de ne jamais la décevoir auprès des personnes qui lui sont les plus chères.
Merci maman. Merci pour le magnifique cadeau d'avant ton départ et la continuité de ton travail auprès de nous.
Hélène
Laval (Québec)