J'ai 19 ans quand je tombe enceinte de mon ami. Contre toute la famille, je décide d'avoir mon bébé. Mon ami est heureux, il va être papa. Aurélie naît le 3 mars, elle est magnifique. Ma famille s'y fait ; je suis comme dans une bulle de bonheur...
Elle a 3 mois, on va se mettre à table. Ma puce dort paisiblement dans son couffin à 1 mètre de moi. Mais j'entends un drôle de souffle, je m'approche, elle est livide. Je comprends de suite qu'elle n'est pas dans son état normal. Je hurle. Mon ami essaie bien de la réanimer mais je vois à son regard que rien ne sera plus jamais comme avant.
Le médecin est là, il me dit : « C'est fini. » Et tout s'enchaîne. Je la mets dans son couffin pour l'hôpital. Le médecin me donne un cachet et nous dit : « Vous pouvez rentrer, c'est une mort subite du nourrisson, mais on doit faire un autopsie. » Je ne suis plus là, je ne vois ni n'entends plus personne. On récupérera son corps le matin de son enterrement, cinq jours après.
Je ne l'ai plus revue. On m'a rendu les vêtements qu'elle portait le jour où elle a rejoint les anges. Je n'ai aucun souvenir de ses funérailles, c'est comme un trou noir. Juste me revient l'image de ce petit cercueil blanc que porte mon cousin dans ses bras. Le lendemain, pour tous, c'était passé. On n'a plus jamais parlé d'Aurélie dans ma famille.
Je me suis mariée avec mon ami un an après pour faire comme si tout allait bien. Mais la douleur que je gardais en moi depuis tant de mois est sortie, elle a explosé. J'ai fait une grave dépression. Mon mari n'a pas supporté mon désespoir. Il voulait un enfant, mais je ne pouvais pas. C'était au-dessus de mes forces. Moi, je voulais juste parler d'elle, pour me dire qu'on ne l'oubliait pas. Mais personne au bout pour me dire qu'elle avait juste existé. Alors, il est parti.
Aujourd'hui, 15 ans après, pas un jour ne se passe sans que je pense à elle. J'ai refait ma vie. J'ai 2 jolies puces qui savent qu'elles ont une grande sœur au ciel. Aurélie fait partie de moi, de mon histoire. Après tant d'années, la seule chose que je ne supporte pas, c'est la vue d'un petit cercueil blanc, même à la télé.
Je t'aime mon ange, tu me manques tous les jours. Je suis sûre que tu aurais été très jolie aujourd'hui à 15 ans.
Douces et tendres pensées de ta maman...
Corinne
Saint-Jean-Pied-de-Port (France)