En 2000, j'ai cru avoir vécu la plus grande peine de ma vie après ma séparation, jusqu'à une date fatale, dans mon coeur de petite fille qui venait de perdre sa mère ! Elle avait cinquante-neuf ans et la femme en moi avait bientôt quarante-trois ans, seize petites années nous différenciaient...
En novembre dernier, le 10 précisemment, j'ai perdu mon idole, mon amie, ma confidente mais surtout ma mère. C'est en larmes, bien sûr, que je m'apprête à écrire ; je ne sais si on peut appeler cela un hommage, un mémorium je préfère, car si vous aviez connue ma mère vous auriez envie de perpétuer cette grande dame. Elle était capable d'aimer inconditionnellement, sa devise était "Nul n'a le plus besoin de ton attention que celui qui ne la mérite pas."
Dernièrement, j'ai lu le mot que j'avais écrit pour elle à l'église et j'ai eu vraiment envie d'écrire cela publiquement pour que l'on ne l'oublie pas... Je suis tombé sur ce site, je vous partage ces quelques lignes. Mais d'abord, ma mère, malgré son jeune âge, avait 11 petits-enfants et une arrière-petite-fille, et mon petit-fils est venu au monde un 13 janvier, environ deux mois après sa mort. Ma mère était comme leur mère, elle a vu venir au monde tout ses petits-enfants. On est de ces familles qui mettons nos enfants au monde en famille et qui pleurons nos morts en famille...
La nuit que mon petit-fils est venu au monde, j'ai fais un rêve où ma mère me disait que mon petit-fils viendrait au monde un 13 janvier et que cette date nous lierait pour l'éternité, car elle est venue au monde un 13 septembre et moi un 28 janvier. Et elle a rajouté sarcastiquement : "Comme ça tu l'oublieras plus jamais ma fête hihi !" Au même moment, mon fils qui vit dans le même immeuble que moi a frappé à ma porte en me disant : "Maman, ma blonde a des grosses contractions." Là je panique... Nous étions un 13 janvier à 4 heures du matin. Emrick est venue au monde à six heures ce soir-là. Il a eu de grosses difficultées reliées à un trauma à la naissance mais, grâce soit rendue à Dieu, il est à présent un beau gros poupon de 4 mois.
Bref, voici les quelques lignes. J'ai intitulé cet hommage "Lady's remind" !
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Maman, mamy, Diane, didi, pour les intimes
Femme de gloire, remplie d'espoir
Comment nous, tes descendants, pourrait-on perpétuer ta transcendance ?
La vie, mamy, tu y as mordu à pleine dents.
Femme de justice et de foi, tu traitais les mals-aimés comme des rois.
Tu nous laisses en héritage l'amour inconditionnel. Bien que charnelle, pour toi l'humanité te donnait des ailes.
Combien de fois avons-nous ri de nos travers pourris, tu nous as appris à aimer la vie...
Combien de fois avons-nous pleuré faute de ne pas avoir su aimer, Tout bas tu nous disais : "Mange du chocolat pis fous-toi de tout ça..."
Ma belle mamy, n'oublie surtout pas : C'est beau la vie mamy ! Rappelle-toi ton petit-fils et toi collés côte à côte, petite âme de 4 ans et demi qui venait de te raccrocher à la vie !
Pionnière en matière d'éducation, il n'y avait pas de limite à ton imagination. Te rappelles-tu mamy ta petite-fille en état de crise que tu avais décidé d'exorciser, armée d'encens et de foulards, tu lui as crié : "Démon sort de ce corps !" Encore aujourd'hui maman ma jojo ne joue plus au yoyo entre les ténèbres et la lumière. Comme toi elle a choisi la vie. Ta grand-mère est une reine et sa force, je te lègue, car tu portes mon nom !
Tu jettes un dernier regard sur nos déboires et tu te dis : "J'en ai marre ciboire..." Avez-vous envie vous aussi de dire c'est beau la vie mamy ?!
(Petit apparté, ma mère est décédée en gardant un oeil ouvert et elle nous avait toujours dit : Quand je vais mourrir, essayez pas, je vais toujours avoir un oeil sur vous hihi.)
De là-haut, maman, on sait que tu gardes un oeil ouvert sur l'univers. Même Saint Pierre est confronté par ta lumière. Nous ta famille t'emmènerons à l'unisson vers ta nouvelle vie afin que tu puisses bercer ton fils, goûter au bonheur, c'est enfin ton heure. Ensemble on te dit : "Merci, c'est beau la vie mamy !"
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Petite anecdote, nous sommes toutes des filles chez nous, alors entre mes soeurs et moi, il y a une grande complicité, et pendant que nous pleurons sur la tombe, nos bras se sont croisées sur la poitrine de maman et je me suis dit : "Ben câline, m'man ça a ça de bon la mort, t'a des beaux seins durs." Le sens de l'humour particulier de notre grosse famille en choque peut-être quelques-uns mais dites-vous que c'était de l'amour chez nous, on exprimait avec humour même nos peines... Ma soeur la cadette se met tout d'un coup à rigoler et à dire tout haut ce que je venais de penser tout bas et toutes nous nous sommes esclaffées tout bas en espérant que les gens pensent que l'on pleure encore... Ma mère nous a appris à se réjouir de tout et de rien, de toujours vivre le moment présent sans honte de nos sentiments, de nos convictions, de nos valeurs !
Ma mère a été mariée à un homme de race haïtienne, elle vient d'un tout petit village où l'ignorance des gens en fait pour la plupart des gens très fermés à tout ce qui est différent, ce qui exaspérait ma mère comme attitude. L'on a cherché un prêtre assiduement, car l'église du village de ma mère n'offre plus le service du dimanche depuis plusieurs années, pour finalement réaliser que le seul prêtre disponible était un homme de race noire... J'ai bien recconnu là le sens de l'humour sarcastique de ma mère, elle s'est probablement dit : "Tiens, un Noir à Vendée quelle bonne idée pour contrer le racisme !" Elle était une revendicatrice, parfois provocatrice, elle était pour l'égalité des peuples et la liberté humaine, le droit à la différence, elle était l'instigatrice de nos libertés obtenues à coup de brassières brulées ! Elle disait toujours en matière de couple que c'était la femme qui était à rééduquer et que puisque nous sommes responsables en partie de l'éducation, assumons-le donc et montrons à nos garçons et à nos filles qu'il ne faut pas nécessairement un pénis pour faire la vaisselle ou pour sortir les poubelles, il fallait juste deux mains...
Le fait d'écrire et de la décrire me rend fière de ce que je suis. Étant donné notre style de vie, l'on s'est souvent fais juger car si il y a bien quelque chose que ma mère m'a appris, c'est que le conformisme a tué des millions de Juifs lors de la deuxième guerre mondiale... et quand on mettait la barre trop haute, ma mère nous disait : "Les filles, y en as juste eu un de parfait et ils l'ont crucifié, alors ça vous tente-tu de vous faire crucifier..."
Bon pour l'instant, je vous dit merci, mais rien ne m'empêche de revenir quand mon coeur vivra un trop plein d'amour inexprimé, car c'est la seule peine de ma vie que je ne peux pas partager avec elle...
Avec tout mon amour et mon admiration, je t'aime maman, merci pour la vie que tu m'as donnée !
Ta Céline
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Branche-moi donc de là-haut avec un beau bonhomme qui va m'aimer comme je le mérite, achale-moi pas avec tes hommes qui ont de l'argent, tiens tiens finalement tu étais quand même un peu imprégnée des valeurs de ton époque hihi !
Céline
Sherbrooke (Québec)