e me rappelle avec mélancolie cet été-là, son dernier été. L'année 2000 est venue frapper à nos portes. Les festivités ont battu leur plein dans chaque pays du monde, bientôt le nouveau millénaire s'annonce avec ses douces promesses de renouveau, avec tous ses tendres espoirs...
Il fait beau dans cette jolie petite ville de Suède où nous vivons, le soleil brille et réchauffe la terre de ses doux rayons. Ce sont les vacances d'été, les enfants jouent dans les rues, les parents se promènent, les jeunes sont assis à la terrasse des cafés, les amoureux rêvent à leur bonheur... Il fait si beau, la vie paraît belle, cet été-là. Et pourtant...
Je promène mon mari dans sa chaise roulante, il aime se promener et admirer la nature, découvrir de nouvelles merveilles de son pays, prendre un pique-nique, rencontrer des amis, regarder, observer. Nos enfants nous accompagnent. Svante vient de fêter ses quarante ans. Une terrible maladie a envahi son cerveau, lui détruit la mémoire, lui arrache la parole. Il est en train de vivre ses derniers mois, ses dernières semaines, son dernier été.
Nous savourons pleinement chaque jour, chaque minute de notre bonheur qui va bientôt s'en aller. Nous l'entourons de nos meilleurs soins. Sous mes lunettes de soleil, mes yeux, baignés de larmes, crient l'injustice d'une telle souffrance. Mon cœur saigne de ne pouvoir le sauver, lui rendre la santé. Mon âme entière est en proie à la désolation. J'avais promis de lui consacrer mes 40 prochaines années... La vie ne m'a donné que cinq mois, cinq petits mois avant qu'il nous quitte, nous laissant désemparés devant ce vide immense.
Presque une année s'est écoulée depuis, toute une année sans Lui, la première d'une longue série d'années sans Lui. Une partie de moi est morte avec lui cet été-là. Il y a un an, un an déjà qu'il n'est plus là.
My dear Svante, I love you for ever.
Anne-Marie
Ardon (Belgique)