Le 27 juin 2003, nous étions au chalet pour l'été puisque nous étions nouvellement retraités moi et mon conjoint, et nous avons reçu un appel téléphonique nous apprenant la mort du conjoint de ma sœur. « Quelle tristesse pour ma sœur et son fils ». C'était un homme malade depuis longtemps mais la nouvelle nous a quand même surpris.
Et hop la vie bascule à mon tour soit le 5 octobre 2003, mon époux commence à avoir des symptômes de grippe et il a une mauvaise diarrhée depuis plusieurs jours. Nous allons chez le médecin et il lui prescrit 3 petites pilules pour arrêter la diarrhée. Le mardi, mon conjoint ne va pas mieux, alors on l'amène à l'hôpital. Encore 6 heures d'attente avant de voir le médecin et après un bref examen, il lui prescrit un autre genre de pilules et il nous dit : si dans une semaine il ne va pas mieux, ramenez-le à l'hôpital. Donc, encore des examens plus poussés et mon conjoint faiblit de jour en jour, il ne mange pas et a toujours sa diarrhée.
Bref le 24 octobre nous décidons de le réhospitaliser en espérant qu'ils garderont mon mari à l'hôpital. Après plusieurs heures d'attente, enfin ils hospitalisent mon mari dans le corridor sur une civière et mon mari est très malade. Il dépérit de jour en jour. Dès la deuxième journée d'hospitalisation, les médecins nous apprennent qu'il a une tumeur au pancréas et les seuls soins ce sont la chimio. Moi et ma fille commençons à penser au pire. Il a été 54 heures dans un passage d'hôpital sur une civière et ensuite dans une salle d'observation pendant 18 heures et enfin il a eu sa chambre le lundi après-midi à 14.00.
Je suis en furie qu'on ait traité mon mari de cette façon lui qui n'a jamais été malade et toujours payé ses impôts, être si mal soigné. Lorsqu'il a eu sa chambre, ils ont continué à faire de gros examens et mon mari était de plus en plus faible. Bref ils lui ont passé tous les examens inimaginables afin de diagnostiquer la source de son cancer. Finalement, ils ont découvert des lymphomes au poumon gauche, au foie et aux glandes surrénales et les médecins n'ont pas mis de gants blancs pour lui annoncer qu'ils ne pouvaient rien faire pour lui.
Il a été transporté aux soins palliatifs le 6 novembre et il est décédé le 11 novembre 2003. Donc après 19 jours d'hospitalisation mon époux était décédé.
Que de beaux projets brisés puisque nous avions pris notre retraite depuis seulement 1 an et demi. Lorsque mon mari a appris de la bouche du médecin qu'il ne pouvait plus rien faire pour lui, mon mari s'est jeté dans mes bras et il m'a dit : Pourquoi la vie était si belle ? Et il a pleuré dans les bras de ma fille. Aussitôt qu'il a été transféré aux soins palliatifs, il a mis la switch à off et il s'est laissé mourir. Au bout de 6 jours aux soins palliatifs il est décédé dans la nuit du 11 novembre à 2.58 a.m sans trop souffrir. Comme vous pouvez le voir, mon mari est décédé 5 semaines après le début de sa maladie.
Le ciel nous est tombé sur la tête et ceci fut très difficile pour ma fille et moi-même ainsi que pour notre petit-fils âgé de 6 ans et demi à peine et l'autre petite puce n'avait que 7 mois. Je trouve ce deuil très pénible à vivre puisqu'il s'est fait tellement rapidement que nous n'avons rien vu venir et c'est très difficile d'en guérir.
De toute façon, ma vie a basculé et je ne pourrai jamais retrouver la joie de vivre comme je l'avais avant ce grand départ.
Je dois réapprendre à vivre seule après 37 années de mariage et je dois apprivoiser cette maudite solitude. La maison est très grande sans sa présence et je m'ennuie beaucoup de son sens de l'humour. Pour moi, il a été un très bon conjoint et un magnifique père pour ma fille et un merveilleux grand-père pour les petits-enfants et nous devons apprendre à vivre sans lui et ce n'est pas toujours évident. Il n'était âgé que de 57 ans. Beaucoup trop jeune pour mourir.
Je sens qu'il est toujours là près de moi pour m'aider et je sens sa présence autour de moi. Il est certain que je ne peux le toucher et le serrer dans mes bras, mais je sais qu'il est là tout près.
Je vous ai raconté mon histoire et elle n'est pas facile à vivre même après 14 mois.
Lucie
Saint-Hubert (Québec)