Le 5 avril, cela fera 8 mois que mon petit frère de 30 ans a eu son accident. Cette nuit-là, allongé sur la route, les pompiers le massaient... je suis arrivée en courant. Un pompier m'a attrapée et m'a dit : « Ça fait 50 minutes qu'on essaie de le ramener, c'est pas bon. » Au bout d'une heure trente-sept, le médecin urgentiste est venu me voir et m'a dit : « J'en suis désolé. » À ce moment-là, une partie de moi est partie avec lui.
Les gens me disent que le temps apaise la blessure mais quand cela arrive, le temps se révèle être notre plus gros fardeau. Les premiers temps, il y a la famille et les amis qui sont présents, mais très vite le cours de leur vie reprend, ce qui est bien pour eux, mais je les envie...
Ma vie s'est arrêtée le 5 août 2017 à 2 h sur une route départementale en ligne droite où rien n'aurait laissé présager que ce drame pourrait s'y produire.
Les photos, les vidéos, les objets qui lui appartiennent sont tellement précieux mais aussi très destructeurs parce que plus rien n'évoluera dans le temps.
Pour le reste de ma vie, je regarderai mon frère figé à l'âge de ses 30 ans...
Carole
(France)