Le 8 août 2000 : un bel après midi ensoleillé à 14h44 est né un beau petit garçon pesant 3.440 kg et 49.5 cm, très beau avec des yeux bleus et blond de cheveux que je prénommerai ESTEBAN mais que, dès sa naissance, j'appellerai mon ange.
Le 12 août 2000 : je rentre chez moi avec mon bébé enfin seule avec lui sans infirmières ni médecins.
Le 17 août 2000 : mon ange a de la fièvre ; dans l'après-midi il monte jusque 38.4° malgré tout ce que je faisais pour la faire baisser ; je décide d'aller à l'hôpital de Peruwelz et là ils me disent que ce n'est rien que ça va finir par passer et me renvoient chez moi.
La nuit du 17 au 18 août 2000 : la fièvre ne baisse pas, et monte même à 39.9° ce que je ne trouve pas normal et je me rends en pleine nuit à l'hôpital de Tournai où ils l'examinent (prise de sang, test d'urine, etc....) mais ils ne trouvent rien.
Le 18 août 2000 : comme on a toujours rien trouvé, la pédiatre de garde décide de faire des examens pour la méningite et me dit qu'il faudra attendre de savoir si elle est bactérienne ou virale (dangereuse ou pas) et qu'en attendant il sera sous antibiotique au cas où.
Le 19 août 2000 : les résultats arrivent : c'est bien la méningite seulement on ne sait pas encore laquelle « il faut encore attendre » me dit la pédiatre donc on attend...
Le 20 août 2000 : enfin on sait quoi « c'est une méningite virale » oufffffffff ! mon ange va s'en sortir sans aucune séquelle en plus ; plus jamais je ne veux revivre un moment pareil, pourtant je suis loin de me douter que le pire jour de ma vie est à venir.
Le 22 août 2000, on rentre enfin chez nous mon ange va très bien, c'est un bébé très éveillé, trouvent les pédiatres.
Tout va bien jusqu'au jour du 19 septembre 2000 : je me lève il est alors 7 heures car mon fils a faim, alors je lui donne le sein et me recouche car je suis crevée ; 9 heures je me relève et regarde mon fils qui a la tête sur le côté et je vois que le côté gauche de sa tête (celui qui est posé sur la taie d'oreiller) est bleu, je crois tout d'abord qu'il a déteint car il transpirait beaucoup et que sa taie est de couleur jaune avec des taches foncées dessus donc pas de panique c'est rien que de la couleur ; en me rapprochant je rigole et lui dis tout en le prenant dans mes bras « et alors mon ange tu as déteint », une phrase que je n'oublierai jamais et qui me fera toujours mal à entendre ou dire, là je remarque qu'il ne réagit pas et en plus il a un peu de sang qui coule de son nez, j'ai peur et crie mais il ne réagit toujours pas donc on appelle le 100 et on doit attendre.
En attendant comme je connaissais le bouche à bouche que l'on pratique au bébé, je l'ai pratiqué jusqu'à l'arrivée des ambulanciers qui sont rentrés en trombe dans la maison, ont regardé mon ange et sont partis en courant dans l'ambulance sans que je puisse rentrer donc j'ai du attendre les plus longues minutes de ma vie ; pendant ce temps, je criais de toutes mes forces pour qu'on le sauve « sauvez mon bébé, je vous en prie » quand soudain une des ambulancières arrive me donne un cachet à prendre (un calmant) je le prends et elle m'emmène dans l'ambulance ; là je vois une scène horrible : mon fils sur la table le pyjama déchiré et des électrodes sur le corps ; en m'approchant j'ai vu le sang de son nez qui gouttait encore un peu, là les ambulanciers m'ont regardé et m'ont dit « désolé, madame, mais on ne peut plus rien faire ».
Je ne comprenais rien même si au fond de moi j'avais compris. Ensuite ils m'ont fait rentrer dans ma maison avec mon ange que j'ai changé et ensuite on ne m'a pas dit ce que je devais faire. L'ambulance est partie et je faisais comme s'il dormait ; au fond de moi je savais mais ne voulais pas l'admettre ; et puis sous calmant ça va mieux les quelques heures qui suivent j'étais dans un autre monde je ne savais même pas ce que je devais faire et je suis restée là jusqu'au moment où mon médecin traitant est arrivé et m'a emmenée à l'hôpital de Tournai où on me met dans une chambre en pédiatrie et là encore une fois je crois qu'on va sauver mon bébé on me laisse là de 10h30 à 17h30 sans rien dire sauf « il faudra faire une autopsie ce serait mieux pour lui ».
Dans le monde dans lequel je vivais à ce moment-là je n'avais pas compris et croyais que c'était pour le sauver donc je dis « oui » et ensuite on a attendu 17h30 pour venir me chercher et me dire « Il faut suivre l'infirmière, elle vous emmènera là où le petit va rester jusqu'à demain quand les médecins seront là pour l'autopsie ; ensuite vos pompes funèbres viendront le chercher et vous pourrez le voir là-bas » (toujours rien compris). Mes parents de ma famille d'accueil (merci d'avoir été là) sont là et me suivent jusqu'à ce fameux endroit ; en arrivant devant la porte il est écrit MORGUE un mot qui ne voulait rien dire (bien que j'en connaissais la signification).
À ce moment-là je rentre et vois un berceau en plastique posé sur un brancard derrière un rideau et en plus il fait froid. Là on me dit « déposez-le là et dites-lui au revoir vous pourrez le revoir demain » ce que je fais mais toujours sans savoir ce que je faisais vraiment ; mais tout ce temps de 9 heures du matin à 17h30 je l'ai passé à le contempler : il est si beau et là je lui fais un bisou et lui dis « à demain mon ange ».
C'était la première fois que je le laissais plus de 2 minutes sans moi, quelle horrible sensation ! Quand mes parents me tirent vers dehors pour me mettre dans la voiture il me manquait quelqu'un mais je ne comprenais toujours pas ce qui se passait. Les heures passent, les démarches pour les pompes funèbres se font par mes parents et je suis tout le monde comme une automate.
On rentre ensuite chez eux où je passerai la nuit et les prochains jours bien sûr et là il est plus ou moins 21h30 quand tout s'éclaircit (est-ce le calmant qui ne fait plus effet, qui sait ?) et je comprends ; tout est clair, des mots me reviennent en pleine figure « mort, morgue, fin, mort subite, décédé depuis une heure, peux plus rien faire,... ». Horrible ça fait mal je crie je hurle je pleure j'ai mal au fond de moi ça me déchire « mon bébé rendez-le moi je vous en supplie, non je ne veux pas, laissez-moi le voir, l'embrasser, le toucher, le sentir, le voir, non je vous en prie rendez-le moi, je veux pas ». Tous ces cris qui sortent et ça fait de plus en plus mal au fur et à mesure que je comprends. La nuit passe et je la passe à crier de toutes mes forces et pleurer et encore pleurer mais rien n'y fait ça fait mal je souffre je veux pas l'admettre tout ça n'est pas vrai je vous en prie c'est un mauvais rêve je vais me réveiller et bien non !
Le 20 septembre 2000 : il est près de 14 heures et je pleure toujours on reçoit un coup de téléphone ce sont mes parents qui décrochent et viennent me chercher et me disent « on peut aller le voir, il vient d'arriver » ok pas de problème ; là encore j'espère que je vais le voir sourire, me regarder et je suis... On arrive aux pompes funèbres et là je rentre, on nous emmène derrière un rideau et là je vois une chose horrible, mon bébé dans un cercueil blanc, les mains croisées et un bonnet sur la tête il avait une fleur rouge dans ses mains, je ne peux pas voir ça je me retourne et pleure, je risque même de m'écrouler mais je veux lui dire au revoir cette fois c'était très clair, ce sont les dernières heures où je le verrai, c'est bel et bien fini ; fini, non je veux pas que ce soit fini, je veux qu'il vive mais rien n'y fait, je ne peux rien faire sauf le contempler et lui dire qu'il peut partir, la pire phrase que j'ai dû prononcer dans ma vie je profite des derniers moments que j'ai pour l'embrasser, le toucher, le caresser, mais je n'ai pas le droit normalement de le toucher, je dois faire attention qu'il ne bouge pas (car il a été autopsié et c'est pas bon) il a encore du sang dans son nez mais il me semble plus beau à chaque seconde qui passe c'est là que je passe ma journée et aussi la suivante.
Le 22 septembre 2000 : il faut aller aux pompes funèbres pour suivre le corbillard mais ils m'avaient promis de ne pas fermer avant que je revienne lui dire au revoir une dernière fois ; quand j'arrive on ne me laisse pas rentrer et je dois attendre dehors ; là je vois qu'il arrive avec ce petit cercueil blanc fermé et je ne peux plus tenir ils ne m'ont pas laissée lui dire au revoir, je pleure encore et fait ce que m'ont dit de faire. Voilà c'est fini, je le verrai plus jamais il est sous terre et ça fait plus mal encore mais je dois survivre pour le revoir un jour ce qui a été dur à accepter mais c'est comme ça, la vie est cruelle et on ne doit rien dire et suivre le cours des évènements en se taisant (pute*** de vie qui fait mal).
Laëtitia
Péruwelz (Belgique)