Il y a trois ans, un ami d'enfance s'est suicidé par pendaison. Il avait 21 ans. Naturellement, j'ai eu beaucoup de difficulté à l'accepter. Au début, je me suis demandée pourquoi ; ensuite, j'ai ressenti une colère envers lui. Je ne pouvais comprendre pourquoi il nous faisait subir ça. Ensuite, enfin, l'acceptation est venue, mais j'y repense encore souvent. Ça faisait longtemps qu'il en parlait, mais nous avions fini par nous dire qu'il ne le ferait jamais. Il avait beaucoup de difficulté avec ses émotions. Il m'avait déjà dit : « Je m'excuse, je ne sais pas comment aimer et je ne sais pas comment me faire aimer, on ne m'a jamais appris. » Nous parlions un jour de suicide en nous disant, mes amies et moi, qu'il fallait avoir du courage pour poser le geste. Il nous avait tout-de-suite répondu : « Je ne sais pas s'il faut être courageux ou lâche. »
Il était très bon en dessin, mais il dessinait toujours des squelettes ou des têtes de mort. Il avait fait un dessin, un jour, que j'ai gardé. Il avait dessiné un squelette avec une grande cape qui avait une corde autour du cou, avec une tombe ouverte en arrière où on voyait une figure. J'ai réalisé après son geste que nous ne l'avions pas écouté, car le geste qu'il a posé, il nous l'avait fait savoir il y a longtemps.
J'ai enfin accepté son geste après avoir fait un rêve où il est venu me voir et m'a dit d'arrêter de crier après lui, car le geste qu'il avait posé était le meilleur qu'il pouvait faire, car il était aujourd'hui enfin heureux. J'ai alors compris qu'il fallait que j'accepte et que je me dise qu'il était plus heureux là où il est que durant ses 21 ans.
Je ne t'oublierai jamais, Stéphane !
Nathalie
(Québec)