Bonjour, L'année dernière, en janvier 2000, j'ai accouché d'une petite fille, Loanne, qui est morte juste avant de naître. Cette mort au cours du 8ème mois de grossesse était programmée. Loanne était atteinte d'une hernie diaphragmatique : la séparation entre le thorax et l'abdomen qui se fait par le biais du diaphragme était défectueuse pour notre petite fille.
Durant toute la grossesse (à partir de la découverte de la malformation à 4 mois et demi), on nous avait parlé d'une opération et d'une prise en charge lourde à la naissance. On savait qu'elle aurait une chance sur deux d'être sauvée et autant de mourir. Mais jamais nous n'aurions pensé que nous aurions du prendre une décision aussi grave nous-même.
Après avoir passé une IRM à sept mois de grossesse, et au vue de la détérioration gravissime des poumons et du cœur de Loanne, l'équipe de médecine fœtale nous a proposé une interruption de grossesse. Nous avions à choisir entre la mort certaine pour notre bébé, ou une vie incertaine, avec une première année à l'hôpital et des séquelles qui étaient impossibles à déceler ni à pronostiquer...
Nous nous sommes décidés pour l'interruption de notre bébé, l'interruption de sa vie qui avait commencé en moi.
Aujourd'hui, nous nous sentons biens seuls pour affronter ce deuil. Personne n'a connu notre enfant, nous sommes si seuls face à son absence. Pour la société, elle n'a pas existé. Cela est désemparant.
Je me suis mise à écrire mon désarroi, pour crier mon chagrin incompris. J'ai intitulé mon livre "Congé maternité sans bébé". Les éditeurs n'ont pas voulu se mouiller. La mort, ça ne fait pas vendre, alors la mort des bébés à peine nés, n'en parlons pas...
Je me suis alors lancée dans une édition à compte d'auteur. Savoir que ma famille, mes amis, mes voisins pourront un jour, s'ils osent me demander mon livre, connaître ce que l'on a vécu, ce que je peux ressentir, m'aide à continuer à vivre.
Si d'autres parents connaissent un drame similaire, interruption médicale de grossesse, enfant mort-né, j'aimerais pouvoir échanger avec ces parents. Je ne connais pas d'association ni de lieu de parole ou d'écoute dans ma région? Cela me manque...
Béatrice
Angers (France)