Antonin nous a quittés le 3 juin 2003, il aurait eu 4 ans le 16 août. Le cancer a été plus fort que tous les traitements qu'il a subis. On a découvert sa maladie en février 2002. Il était pris en charge à Paris dans un grand centre oncologique (Institut Curie). Tout au long de sa maladie, j'ai été confiante et je n'ai jamais pensé à la mort.
C'était un petit garçon plein de vie, toujours en action, même dans les moments les plus difficiles de son traitement. Jamais il ne s'est plaint, pourtant il en aurait eu le droit : - un cathéter sortant qui l'a empêché de se baigner entièrement et de jouer dans l'eau comme il aimait le faire - des chimios qui se succédaient toutes les 3 semaines pendant 13 mois - des périodes d'aplasie (chute des défenses immunitaires) entre chaque chimio qui lui valait environ 5 jours d'hospitalisation - 5 semaines de rayon où, tous les jours, il était maintenu par un casque (pour sa tête) et une coque (pour son corps) vissée à une planche - sans compter tous les autres désagréments que peuvent entraîner une tumeur située derrière les yeux qui l'a privé presque entièrement de sa vue. C'est vrai qu'il en a vu, mon p'tit Loulou, mais il était formidable.
Puis, arrive la fin de son traitement, avec la joie que tout cela entraînait pour nous, la fin des privations pour lui et pour nous. Tout le monde était très confiant, même les médecins. Mais, malgré tous ces bons indicateurs, cette cochonnerie de maladie était repartie, à peine la dernière série de chimios terminée. Et là, elle avait métastasée au cerveau...
Nous avons appris sa rechute le 29 avril. A commencé, alors, un long mois pour nous, car Antonin, qui avait dû nous masquer certains effets secondaires avant le diagnostic, s'est laissé aller.
Le 1er mai, il était hospitalisé en urgence avec des convulsions. Il fallait à tout prix le soulager, mais son cathéter s'était bouché, les infirmières n'arrivaient pas à le "piquer" car les veines "pétaient" (3 en tout), l'anesthésiste qui arrive enfin pour soulager notre Loulou. Il aurait pu mourir ce jour-là, mais il a tenu le coup jusqu'à l'anniversaire de sa soeur, le 14 mai. Il a eu le droit de sortir de l'hôpital et nous avons fêté les 6 ans de Mathilde en famille, tous réunis autour de lui. Le lendemain, rebelote, hospitalisation...
Il nous a quittés le 3 juin, en pleine nuit, alors que mon mari était avec lui et moi au téléphone. Peut-être avait-il jugé que ce serait trop dur pour moi d'être à côté de lui... C'était son choix.
Aujourd'hui, presque 10 mois après, il me manque horriblement. Le 3 juin 2003, j'ai perdu une partie de moi et, Dieu, que ça fait mal, que ça fait mal de vivre sans lui. De savoir que je ne le verrai plus, que je ne l'embrasserai plus, que je ne le verrai plus rire ou pleurer, bref, que je ne le verrai pas grandir, que je ne le verrai plus JAMAIS. Mais, je dois continuer ma route pour son frère et sa soeur et aussi pour moi. Pour lui aussi, car, maintenant, je me dois de vivre, de vivre chaque moment de plaisir ou de tristesse, de vivre chaque instant de la vie pour lui qui n'aura pas eu cette chance.
Maintenant, je sais la valeur de ce qu'on nous donne à la naissance, le prix que ça a et, grâce à lui, j'essaye d'en apprécier chaque moment heureux ou malheureux.
Isabelle
Laval (Québec)