Ce soir j’ai besoin d’écrire, d’exprimer mon chagrin. Le 3 mai 2014 s’est éteint mon papa à l’âge de 59 ans d’un infarctus foudroyant. J’avais 14 ans et je l’ai vu se faire réanimer devant mes yeux. 5 ans après, j’ai l’impression d’entendre encore les hurlements de ma mère et ma petite sœur ce jour... Je revois souvent le visage de mes proches effondrés, hurlants, en pleurs, je revois papa allongé sur le sol et moi le fixant à travers cette fenêtre en me disant qu’il ne me ferait pas ça...
Je suis détruite, je n’arrive toujours pas à imaginer ma vie sans lui, il me manque énormément un peu plus chaque jour. Je n’arrive pas à croire que plus jamais je n’aurai mon petit papa à serrer dans mes bras, mon si beau papa...
Je suis encore traumatisée par ces images, aujourd’hui à 20 ans je me sens perdue, je suis si triste car nous avons encore tellement de choses à se raconter, tellement de choses à vivre. Je me rends compte que je ne me souviens plus de son rire, ni même de sa voix, il ne connaîtra pas mes enfants...
Je pense avoir sans doute besoin de voir un psychologue, que l’on m’aide à avancer dans ce deuil. Pourtant maman est sortie de sa dépression, ma petite sœur a arrêté de faire des cauchemars, mon frère a réussi à relever la tête, et maintenant que mes proches avancent moi je recule. J’ai eu tellement de poids sur mes épaules que maintenant que je n’en ai plus je réalise que c’est réellement fini 5 ans après, que c’est réel, que je ne rêverai plus jamais l’homme de ma vie, et le mot jamais me brise le cœur car il est définitif. J’ai l’impression de mourir à petit feu, je parle encore de lui au présent car je refuse la réalité, je refuse de croire que c’est vrai et que c’est fini et je souffre.
Je souffre tellement, j’ai peur de la mort de ceux que j’aime, j’ai peur lorsque l’on ne me répond pas au téléphone, j’ai peur que l’un d’eux me quitte. Je vis dans la peur constante de les perdre et mon cœur ne le supportera pas. Je donnerais ma place, ma vie pour eux, pour papa, et malheureusement je me retrouve seule dans cet immense chagrin et je n’arrive plus à faire face, je pleure et me ressasse les souvenirs, les quelques souvenirs qu’il me reste... La vie est si injuste, j’essaie de me reconstruire, et relever la tête mais mes pensées me tirent vers le passé sans cesse.
J’aimerais tellement que tu revienne mon papa, mais aujourd’hui tu reposes en paix, je ne cesserai de t’aimer et de te faire vivre en moi, je t’aime pour toujours papa...
Marlène
(France)