J’ai lu tous vos messages et j’ai retrouvé beaucoup de ce que je vis depuis le décès de notre fils Nathan le 23 août dernier. Il avait 25 ans, et de beaux projets. Il était lui aussi un garçon brillant, lumineux, toujours le sourire aux lèvres. C’était un enfant du monde, il aimait les gens, les voyages. Il avait une grande complicité avec ses deux grandes sœurs.
Trois jours avant son accident, il était avec nous dans le Vercors. J’avais toujours peur pour lui. Mon mari disait c’est moi en meilleur. Il était tellement fier de lui. À l’annonce de son décès à 800 km de nous, ma première réaction a été de me dire je ne veux plus voir personne, je veux me mettre dans un abri loin des autres. Et puis très vite, je me suis dit non Nathan ne voudrait pas cela. Au contraire il voudrait qu’on vive, qu’on voie nos amis, que l’on continue à vivre et à profiter de la vie. Chaque matin et chaque soir, quand je me lève et quand je me couche, je pleure. Il est mort seul sans nous, je culpabilise de ne pas avoir été là.
Pourtant je m’étonne, malgré mon immense chagrin et ma profonde douleur, je suis debout chaque jour. Je vois des amis, je marche avec ma cousine, je ne refuse aucune invitation. Je vais vers les autres. J’ai ce sentiment puissant que c’est mon fils qui me donne sa force, son énergie, son amour des autres et de la vie et qu’il m’accompagne. Il est là en moi, il est mon guide. Je vois chaque jour son visage et son sourire et même si cela me fait pleurer, je veux avancer pour lui. Et le jour venu, je sais qu’il m’accueillera de l’autre côté de la rive. Je l’aime et il m’aime. Il aime son père et ses sœurs et tous ses amis. Et cela m’aide à tenir debout et à avancer même les jours où la douleur est la plus forte.
Il faut que notre amour pour nos enfants décédés soit notre carburant pour avancer. Nous leur devons cela.
Annie
Chère Annie, vous vivez votre peine semblable à la nôtre. Notre fils avait 33 ans et est mort seul lui aussi. Même après 7 ans, on pense à lui tous les jours mais on réussit à se faire une vie heureuse surtout pour son frère qui n'a plus personne pour parler des petites aventures que les gamins vivent. Bon courage à vous!
Martine, 6 mai 2023