Il y a bientôt huit mois, mon compagnon... - Vos textes | La Gentiane - Deuil - Entraide
 

Il y a bientôt huit mois, mon compagnon...

Il y a bientôt huit mois, mon compagnon...

Il y a bientôt huit mois, mon compagnon et père de ma fille de 3 ans est décédé suite à un accident. Il avait 28 ans et moi 27. Le temps a passé mais la douleur et le manque sont toujours aussi présents. Je me sens perdue sans lui.     Après son décès, j'ai décidé de quitter Paris où nous étions venus pour des raisons professionnelles. Lui était originaire de Marseille et nous nous étions rencontrés là-bas. Je suis donc partie de Paris, ville que je n'avais jamais aimée et que je ne pouvais plus supporter car elle m'avait pris mon homme, pour retourner à Marseille. Je savais que la vie n'y serait pas plus facile, mais je devais le faire pour survivre.

Aujourd'hui, je n'arrive plus à savoir où j'en suis, vers où je vais, ce que j'éprouve. Je suis comme anesthésiée, fatiguée de m'être battue contre les pompes funèbres, les assureurs, les administrations... J'ai le sentiment que tout ce qui a entouré son décès m'a empêchée de faire mon deuil, de pleurer comme je le voulais. Autour de moi, tout le monde me dit que je suis forte, que je remonte bien la pente mais, au fond de moi, je ne sais même pas si je serais encore là sans ma fille.

J'ai vraiment l'impression qu'on m'a volé mon chagrin, qu'on a tout fait pour que tout se passe sans bruit parce que, dans notre société, la mort est tabou. Or, j'éprouve le besoin de parler de lui, de ce qui s'est passé. Je ne supporte plus les silences. Parfois, il m'arrive d'entendre dans ma têtes des pleurs de femmes, des cris. J'ai envie moi aussi de hurler, mais je ne peux pas. je voudrais parler mais je ne peux pas ; quand je vais voir un psy je fonds en larmes, incapable d'aligner deux mots. J'en parle mieux avec des amis, mais je sens ou je mets une limite à ne pas franchir, de peur de les effrayer. Je ne sais plus rien.

J'aime ma fille plus que tout mais j'ai peur chaque jour qu'elle meure. J'ai peur de mourir et de la laisser seule au monde, elle qui a déjà tant souffert. J'ai confiance en la vie mais les hommes me font peur.

Il s'appelait Christian et je l'aimais plus que tout. J'espère qu'il le sait.

De Rodez
Marseille (France)

Classé dans : Témoignages Publié par : La Gentiane - Deuil - Entraide Date : 24 juin 2001