Bruno,
Je te demande pardon pour ce 1er juillet 2004 où tout a basculé, ce 1er juillet où tu voulais que je reste dans tes bras et j'ai dit non car pour moi le travail était plus important. Ce matin où on s'est disputés, où je suis partie sans te dire que je t'aimais. Ce matin-là, au travail, je me suis dit que je me ferais pardonner, je rentrerais plus tôt et te préparerais un petit repas en amoureux.
Ce jeudi où tout était prêt, il ne manquait plus que toi mon amour. C'est là qu'on sonne à la porte, où je croyais que c'était toi car tu me faisais souvent cette farce-là. Ce n'était pas le cas. En ouvrant la porte avec mes 2 verres pour mon pardon, à ta place je trouve 2 gendarmes, dont un était ton ami, et ta sœur en pleurs. Je reste là souriante en leur demandant ce qui se passe et pourquoi il font cette tête-là. Ils m'annoncent que tu as eu un accident. Je demande si c'est grave, on me demande de rester calme et de me mettre assise, que c'est plus grave. J'ai compris tout de suite. On me retient car je me sens partir, je suis anéantie, je n'écoute plus ce qu'on me dit, je ne réalise pas.
Cette moto que j'ai si souvent maudite en secret t'a enlevé à moi... ce putain de camion qui était sur ta route et qui t'a pris ta vie, toi qui n'avait que 37 ans.
Je suis désolée, je n'ai plus le courage de continuer à t'écrire, pardonne-moi, c'est tout.
Ta petite femme qui t'aime
Nicole
Guénange (France)