Ma chérie, Cela fait un peu plus d'un an que tu as pris ton p'tit baluchon pour aller découvrir un monde que moi, qui suis une grande personne, je ne connais pas encore.
Ah la la... ces ados qui n'en font qu'à leur tête :–)
Tu vois je plaisante encore. Pourtant je sais ma chérie que tu n'as pas vraiment choisi ce chemin, que tu avais peur de mourir... et aussi de me faire du chagrin en partant. Tu as même pris la peine de me demander la permission : « Maman, tu ne m'en voudras pas si je lâche »... Non ma chérie, je ne t'en veux pas...
La bataille fût si belle, ma douce... et je suis si fière et heureuse de t'avoir accompagnée et si fière que tu m'aies acceptée à tes côtés. Tu vois, je suis toujours sensible au « panache » et franchement, toi, tu en as eu au-delà de l'imaginable !
Anne, tu as dansé pendant tes presque 17 ans de vie au-dessus de l'abîme, sur un fil bien ténu... mais avec le sourire... avec des étoiles pleins les yeux... tout en sachant que tout cela était bien fragile. La danse était si belle, ma petite fille, que tous ceux qui t'ont rencontrée sont venus la danser avec toi... rien que pour toi !
Quand tu avais 14 ans, quand ton père et moi, nous étions suspendus au fil d'un téléphone, au fil de ton oxygène... quand nous étions « morts de peur » devant ton pancréas qui risquait de se « diabétiser », devant ton foie qui commençait se « cirrhoser » devant tes reins qui... tes poumons qui... tu nous as dit un jour : « J'ai l'impression que vous ne voyez que ma maladie en moi »... Tu avais raison ma belle, on avait du mal à « recoller les morceaux » dans ce discours médical !
J'ai beaucoup réfléchi, alors et j'ai essayé de voir au-delà de tous ces soucis. Alors pendant presque trois ans je t'ai regardée... toi. Et j'ai fait des provisions de tes sourires, de tes éclats de rire, de cette petite flamme que tu as toujours eue au fond de toi et qui vient de... (en fait, je ne sais toujours pas de qui elle vient cette flamme... mais j'en fais encore aujourd'hui ma joie... :–))))
Il n'y a pas de raison pour que cela change...
Alors je te le dis Anne.... et je suis sûre que si tu existes encore quelque part, pour toi c'est toujours important... je ne te vois pas « que morte » quand je pense à toi ou que je te regarde (enfin quand je regarde des photos de toi bien sûr
;–)))...
Et rassure-toi... tu m'as donné des provisions pour... l'éternité... au moins ;–D)))))
Si j'osais, je dirais que je suis comblée...
Bon d'accord, Anne... je fais un peu de provoc là... ou plutôt je fais de l'humour bien noir comme tu aimais en faire aussi, ma douce. Si j'osais, je dirais merci. Mais pas pour tout, quand même...
Nanou, ta reum
(France)