Bonjour, J'ai découvert votre site Internet il y a peu de temps grâce à une collègue de travail qui a vécu un drame il y plusieurs mois. Si je vous écris aujourd'hui, c'est avant tout pour recueillir des témoignages de personnes qui auraient pu vivre ce que j'ai vécu il y a déjà cinq ans de cela.
Il s'agit du décès de ma mère à l'âge de 48 ans des suites d'un cancer. Au bout de cinq ans, je ne m'en suis pas vraiment remise et j'éprouve toujours une immense culpabilité face à ce terrible événement.
Ce qui a été le plus pénible pour moi, c'est qu'au début de sa maladie, j'avais 16 ans et lorsqu'elle a été à l'hôpital pour la première fois, mon père m'a dit que c'était pour une occlusion intestinale et que ce serait vite guéri. Cependant, il ne s'agissait en aucun cas d'une occlusion intestinale mais d'un cancer du côlon. Comme ma sœur la plus jeune n'avait à l'époque que 12 ans, je pense qu'il avait fait cela uniquement pour ne pas nous inquiéter.
Mais, les mois passant, ma mère a dû être hospitalisée à plusieurs reprises, et là, elle a bien été obligée de nous dire la vérité : « J'ai un cancer », nous a-t-elle avoué la gorge nouée et les larmes aux yeux. Ce jour là, mon père n'était pas à table avec nous. Mes sœurs, ma mère et moi étions toutes en pleurs.
Quant à moi, j'étais sous le choc de cette terrible annonce, jamais je n'aurais pu penser que cette saloperie de maladie aurait pu tomber sur quelqu'un comme ma mère qui était la joie de vivre incarnée, la gentillesse même, une mère que tout le monde rêverait d'avoir. Et le plus dramatique dans tout cela, c'est que je ne pouvais penser à une issue fatale, comme si ma mère était immortelle.
Malgré quelques rechutes, elle a pu retravailler un certain temps, refaire du sport, elle avait repris des forces, des kilos, elle avait retrouvé le sourire, bref, tout allait plutôt bien. Cependant, les 4 derniers mois de sa vie, son état de santé s'était considérablement dégradé, elle avait repris les séances de chimio, avait perdu plus de dix kilos mais elle avait toujours tous ses cheveux. C'est pour cela que j'ai cru qu'il s'agissait d'une nouvelle rechute mais qu'après elle guérirait. Je ne pouvais même pas concevoir que la mort l'attendait.
Le pire que l'on ait pu me faire (c'est-à-dire ma famille proche : ma grand-mère, mon père et ma tante), a été de vouloir me préserver. Ils ont voulu nous préserver, mes sœurs et moi, en nous mentant. Et le mensonge, soi-disant pour le bien de ses enfants, est la pire des erreurs qu'un adulte peut faire. En effet, ils savaient que ma mère n'avait plus qu'un mois à vivre car le médecin les avait prévenus, mais mon père avait peur que l'on aille voir ma mère à l'hôpital les larmes aux yeux à cause de cette cruelle nouvelle.
Mais moi, j'aurais tant voulu connaître la vérité et pouvoir lui dire combien je l'aimais, pouvoir être présente tous les jours à ses côtés, l'embrasser et la serrer dans mes bras. Cela m'aurait beaucoup aidée à faire mon deuil que je pense avoir finalement refoulé au plus profond de moi-même tellement sa mort m'était et m'est toujours insupportable cinq ans après, ainsi que cette culpabilité qui est toujours aussi présente aujourd'hui. Ce que je ne pourrai jamais supporter c'est qu'elle savait qu'elle allait mourir et que moi, je ne m'en suis même pas aperçu.
Je pense que le fait d'en parler, d'en avoir parlé, même à peu de personnes et également en publiant mon témoignage sur votre site me soulage déjà un petit peu. Merci pour votre attention.
Laurence
Paris (France)