Lettre à ma mère
(décédée le 13 septembre 2000)
Chère maman !
Je t'écris aujourd'hui parce que j'ai besoin de ton aide. Encore une fois ! Cette fois, je suis bien maladroite et désemparée. Mon cœur balance entre la tristesse et la joie : la tristesse de te laisser partir et la joie de te savoir près de papa.
Mais comment te dire tout ce que je ressens depuis quelques jours ? Me croirais-tu maman si je te disais qu'en voyant une photo, une seule et simple photo de toi avec tes enfants, j'ai vu dans ton regard ce que je n'avais jamais vu avant. J'ai vu une femme, une femme comme moi ! Qui regarde ses enfants avec tendresse et pour qui le monde commence et s'arrête dans les pas de ses enfants. J'ai aussi vu quelqu'un qui s'amusait en vélo, qui riait en patinant, qui avait des amis, qui avait aussi un homme dans sa vie pour qui tu as sans doute fait quelques folies. Comme moi, comme nous toutes !
J'aime à me souvenir de ton sourire, tes petits yeux moqueurs, ton charme, ta façon de nous deviner, ces éternels « au revoir » au téléphone qui ressemblaient à des adieux, à tes remarques parfois inattendues... mais jamais tu n'as voulu blesser. Tu t'en faisais tellement pour nous tous. Du plus petit au plus grand !
Toutes ces photos, maman, que tu as conservées précieusement et que tu nous laisses, j'aime te regarder. Et jamais je n'avais réalisé que tu avais eu 7 ans comme mon fils, 10 ans comme ma fille ou encore mon âge... Je n'ai jamais réalisé que tu pouvais t'amuser dans la neige avec nous, que tu pouvais construire des châteaux de sable au bord de la mer, que nous amener cueillir des fruits sauvages te procurait un tendre souvenir. Je n'ai jamais réalisé à quel point notre présence pouvait te rendre si heureuse.
Il m'a fallu voir ces quelques photos pour retrouver les mêmes gestes, les mêmes regards que je pose sur mes enfants pour vraiment découvrir que tu étais comme moi ! Je suis aujourd'hui tellement triste mais aussi tellement heureuse de voir et de comprendre tout ce que tu nous as laissé.
Chère maman, il y a à peine quelques jours nous étions réunis en cette même église pour l'anniversaire du décès de papa. Tu étais si fière de nous avoir près de toi et si fière de ce que nous étions devenues ! Maintenant maman, c'est à nous de te dire que ce que nous sommes aujourd'hui, c'est à toi que nous le devons.
Merci maman, grand-maman et arrière-grand-maman !
Patricia
Candiac (Québec)