Ma fille est décédée au cours d'une randonnée en juin 2021. Elle avait 29 ans. Elle voyageait en Crète et n'est pas revenue. Elle a été portée disparue et a été retrouvée 4 jours après, décédée.
Je n'ai pas pu lui dire au revoir, l’accompagner, la rassurer. Je ne sais pas si elle a souffert, si elle a su que c'était fini, si elle a eu peur. Je ne sais pas précisément comment elle est décédée. Des questions qui resteront sans réponse. Je l'ai vue la dernière fois en visio quand elle est arrivée en Crète, souriante, heureuse. La séparation a été brutale, traumatisante.
Des années plus tard, la souffrance est encore là, elle ne partira pas. La vie après cela ? En apparence tout va bien, on me dit que je suis courageuse. Mais comment faire autrement ? Le temps continue d'avancer, alors je continue. Il y a la peur. Peur que ça recommence, de perdre un autre enfant.
Il y a un changement de mes centres d'intérêt ; plus envie de participer à des fêtes, de recevoir... Et si je n'ai pas envie, je m'écoute. Je ne sais pas si c'est un repli sur soi, ou une envie de se simplifier la vie, de faire seulement ce qui me convient, mais c'est ainsi. J'ai remarqué, après quelque temps, qu'il a été possible de grappiller des moments heureux, de prendre plaisir à certaines activités. Le goût de vivre reprend quand même, heureusement. Et j'accepte la tristesse qui n'est jamais bien loin. Mais j'évite de la partager.
Merci pour ces échanges, pour donner la possibilité de parler.
Marthe