À la mémoire de Suzanne,
tuée accidentellement le 4 janvier 1994
La fille à moto
Aussi libre que l'air du temps
Ta vie se déroulait souvent
À la vitesse où tu conduisais
Et aucune maladresse elle te permettait
Mais hélas pour toi qui t'y abreuvait
Si souvent d'amertume comme de souhaits
Qu'il t'était devenu bien égal
De faire le bien ou le mal
Pourvu que tu vives en vitesse
Découvrant toute l'ivresse
Des caprices et des remords
Pour toi, tu n'avais jamais tort
Pourtant un jour la vie te frappa
Et de plein fouet elle t'arrêta
Pendant quelques années
Elle t'avait même choyée et comblée
Heureusement pour toi
Car à la vitesse où tu allais
Il t'aurait fallu plus d'un roi
Pour maîtriser ton émoi
Tu étais trop vive pour continuer à vivre
Parmi nous qui étions toujours sur le qui-vive
Non, avec toi ce n'était guère facile à vivre
De te comprendre, t'aimer et vouloir te suivre
Pourtant il semblait si facile pour toi
De mordre dans la vie à pleines dents
Évidemment qu'il s'en allait encore de soi
Jusqu'au jour où tu t'es fait entrer dedans
En toute chose il faut y voir le bon
De toute chose il faut en tirer une leçon
Bonne ou mauvaise nous en ferons toujours
Une leçon pour grandir au chemin de l'Amour
Le Cygne
Québec (Québec)