Un jour, je feuilletais l’agenda scolaire de l’une de mes filles... - Vos textes | La Gentiane - Deuil - Entraide
 

Un jour, je feuilletais l’agenda scolaire de l’une de mes filles...

Un jour, je feuilletais l’agenda scolaire de l’une de mes filles...

Un jour, je feuilletais l'agenda scolaire de l'une de mes filles. Elles étaient au secondaire à ce moment-là. J'aimais beaucoup le regarder car à chaque jour il y avait un proverbe ou un dicton différent. À l'une des journées il y avait celui-ci : « Espère le mieux... Attends-toi au pire... Prends ce qui vient... ». Je l'avais montré à mes filles car elles étaient du genre à angoisser facilement lorsqu'elles devaient faire face à l'imprévisible. Elles l'avaient beaucoup aimé. Valérie m'avait dit à ce moment-là : « Ça doit être comme ça que tu fais car avec tout ce que tu as vécu depuis que tu es jeune je me demande bien comment tu as fait pour passer au travers ». Elle avait raison. J'ai vécu toutes sortes d'épreuves depuis que je suis toute jeune et j'ai toujours pris ce qui venait. Mais à ce moment-là c'était possible de prendre ce qui vient car il m'était possible de croire en un lendemain.     Depuis décembre 1999, c'est autre chose... Le pire s'est produit, et je suis incapable de prendre ce qui vient. Car de lendemain il n'y a plus, il ne me reste qu'un passé. Un passé rempli de souvenirs doux à mon cœur mais tellement souffrants.

Valérie, ma puce, contrairement à ce que l'on m'avait dit, le temps ne guérit pas ma blessure... Elle est encore très béante et je crains qu'elle ne cicatrise jamais. Tu vois ma puce, ta mère n'est pas celle que tu croyais. Je ne suis pas celle qui peut tout affronter, prendre tout ce qui vient. Ta vie, il te l'a volée, sans réfléchir avant de poser son geste, ni après. Non, je suis incapable de prendre ce qui vient. Prendre ce qui vient, ce serait d'accepter ton départ prématuré. D'accepter qu'une jeune fille avec un cœur aussi pur que le tien soit partie de cette façon. D'accepter que n'importe qui peut voler la vie d'autrui sans conséquence, ou si peu. D'accepter de dire adieu à ma propre vie.

Valérie, viens me rendre visite dans mes rêves pour que je puisse te prendre dans mes bras et te dire encore et encore... Je t'aime ma puce... xox

Sonia
(Québec)

Classé dans : Témoignages Publié par : La Gentiane - Deuil - Entraide Date : 1 novembre 2001