On pourrait dire c’était écrit… c’était leurs destinées, la fatalité, ce que l’on m’a rabâché jusqu’ici. Je dis ça après 10 ans de réparation psychologique et je continue chaque jour à penser à mon fils et son papa qui sont décédés tous les deux dans l’incendie de sa maison dans la nuit du 29 avril 2012.

Thomas mon fils aîné avait 15 ans, demain il aurait eu 26 ans. Son papa Frank avait 44 ans. Ce dimanche soir, Thomas devait rentrer à la maison avec notre deuxième garçon Mathis après avoir passé 15 jours de vacances avec leur papa et leurs grands-parents. Je n’entre pas dans les détails. Nous, parents séparés depuis 10 ans de tiraillements, de justice, d’avocats de lois et d’autorité parentale… ce n’était pas simple. Et l’emprise… J’ai senti mes garçons en danger depuis toujours, je l’ai toujours évoqué, et après maintes mains courantes et autres requêtes.

Ce soir-là, Frank a déposé Mathis, qui avait 10 ans, devant le portail de la maison comme un colis et vite reparti. Après mes appels téléphoniques de 19h à 20h30 à Frank, qui ne me réponds pas car nous étions en mauvais termes, et à mon fils qui ne réponds pas… Je décide d’appeler ses parents. Monsieur est Amiral de la marine et répond: Ma p’tite chérie, Frank est déjà bien au fond du puit, tu ne vas tout de même pas le couler plus qu’il ne l’est… Bref ce soir-là j’étais prête à aller porter plainte pour non-présentation d’enfant. Je l’ai écouté et il m’a promis que Frank me ramènerait mon fils demain après les cours. Car Frank en tant qu’agent immobilier en free-lance habitait les maisons qu’il avait en vente, et ce jour-là il venait le matin même d’emménager dans la nouvelle maison. Sa joie de vivre, ses blagues bout en train, intelligent…

Je ne les ai pas revus hormis dans cette caisse en bois. Je n’y ai pas cru pendant longtemps, je m’étais dit qu’ils s’étaient échappés en voyage ailleurs et que l’on se reverrait un jour. Ils sont tous les deux décédés à cause de l’incendie déclenché dû au chauffage grille-pain où il avait entreposé ses cartons juste devant. Chaque jour que Dieu fasse, j’essaie en vain de me rappeler sa voix, son odeur… Pas le temps de rien. Il a fallu à mon époux d’annoncer la nouvelle à mes petits, Mathis 10 ans et Angel notre enfant 5 ans… le drame. Le premier mot de Mathis c’est: maman papa voulait que je reste hier soir mais je lui ai dit que je n’avais pas mon cartable pour faire mes devoirs… Mathis a aujourd’hui 20 ans et résiste, passe par des hauts et des bas… mais nous allons y arriver. Dans l’union de la famille et dans l’amour et la foi.

Courage et force à nous toutes et tous parents ayant perdu un enfant.

Brenda