Mon père est atteint du cancer depuis cinq ans et demi. Il a subi plusieurs opérations (plus de larynx, nettoyage des artères au niveau du cou, 64 agrafes...) Mon père, étant alcoolique, n'a pas su suivre les conseils des médecins. De plus il fumait. Nous avons donc passé ces cinq dernières années en aller-retour à l'hôpital Érasme de Belgique. Au début de son cancer, mon père avait été déclaré incurable et condamné à mourir dans les 18 mois. Il s'est éteint jeudi dernier soit le 22 mars 2001 après cinq ans et demi de lutte acharnée contre cette terrible maladie.
Au mois de septembre 2000, mon père a été à nouveau hospitalisé pour traiter une grosseur au niveau du cou (chimio). Il nous a été dit qu'il passerait peut-être Noël, mais c'était juste. J'ai donc décidé d'organiser la Noël pour lui. Il a été hospitalisé pendant quelques temps et a pu sortir le 24 décembre au matin pour la fête. Nous avons passé le plus beau Noël jamais passé. Mes grands-parents paternels ignoraient évidement l'ultimatum.
À la fin du mois de février, il a été hospitalisé de nouveau. Il avait perdu 17 kilos (pesait encore 47 kilos pour 1 m 80), il était d'une couleur blanchâtre et jaune. Il mimait les mots, ne parlait plus et vivait à peine. Il a dû subir une autre opération et après quelques jours, il est tombé dans un semi-coma jusqu'à son décès le jeudi 22 mars 2001 à 00 h 30.
Nous nous sommes relayés : ma mère la nuit, le matin ma sœur et moi-même et l'après -midi mes grands-parents paternels pendant la semaine. Nous ne l'avons quasiment pas laissé seul.
Le matin de sa mort, malgré une dose effroyable de morphine, il souffrait encore. J'ai donc demandé aux infirmières d'augmenter sa dose car si la vie le maintenait chez nous, il ne pouvait pas souffrir. On a donc injecté toutes les deux heures une dose de morphine.
Il a passé une avant-midi horrible, il était pris de sursauts, de cauchemars, il bougeait énormément, râlait. J'ai l'impression en fait qu'il luttait contre la mort afin de pouvoir encore voir toute la famille.
Il connaissait notre roulement. À 14 h 00, mes grands-parents sont arrivés, il a encore eu un sursaut. Ma sœur lui a pris la main et je lui ai caressé l'épaule en lui disant de se calmer, que tout allait bien se passer, qu'il ne devait pas s'énerver et pas avoir peur. Il s'est calmé et n'a plus bougé.
Je suis retourné le voir à 20 h 00, il dormait comme un bébé, il semblait tellement bien et à 00 h 30 il est parti comme il était. Nous l'avons vu à 02 h 00, il n'avait pas changé, il reposait enfin en paix.
Je regrette d'avoir passé le jeudi matin car j'ai vraiment vu mon père souffrir de la peur de mourir et cette image ne s'effacera pas.
Sandra
Rebecq (Belgique)