Louise,

Tu es partie trop vite même si tu avais bien préparé ton voyage. Aux derniers moments, il y a tant de petites choses qu’on aurait aimé se dire ou se redire. De souvenirs à partager. Tu laisses un grand vide. Même les silences étaient remplis de ta présence. Nous avons traversé bien des saisons. Nos tempêtes ne duraient jamais bien longtemps. Tu savais dissiper les nuages et faire revenir le soleil.

Les souvenirs se bousculent : les premières rencontres, les lettres d’amour, les longues marches un peu partout. Les cafés sur le patio avec un livre dans la douceur de l’été. Les voyages en vélo. Tes jeux avec les enfants et les petits-enfants. Tes élèves de piano qui t’aimaient bien. Tu as beaucoup aimé.

Tu auras enchanté ma vie (nos vies) par ta bienveillance, ta patience, ta joie de vivre, ton courage. Aussi par le bonheur de ta musique, omniprésente, douce, joyeuse ou triste. Par le partage de tes lectures, de tes amitiés, ta façon d’être belle, ton sourire lumineux. À ta manière, tu as réussi ta vie et aidé à réussir la mienne. Notre vie a été une histoire d’amour, comme bien d’autres, où rien ne finit jamais et tout recommence à chaque jour.

Tu dis qu’il ne faut pas pleurer. Mais je ne sais pas trop combien ça prend de larmes pour noyer un chagrin d’amour ni combien de temps va durer le plaisir d’être triste. Tu sauras bien me le dire.

J’espère que là où tu vas, il y aura un piano, des valses de Chopin, des cantates de Bach, du Ravel, des chansons d’amour et de grands arbres en forme de cathédrale pour méditer dans le calme et la paix. J’irai te retrouver un jour dans cet au-delà qui garde encore tous ses mystères. D’ici là : « Mets ta tête sur mon épaule pour que ton amour te frôle ».

Raymond
Sherbrooke (Québec)