Il y a maintenant un an et demi, à deux jours d'intervalle, je perdais mon grand-père, décédé d'un cancer, et mon petit frère de 15 ans, mort noyé. Neuf mois plus tard, une amie est morte dans un accident. L'été dernier, le même scénario. Malgré tout, pas plus d'une larme n'a coulé de mes yeux. Une larme arrachée par un petit garçon qui m'a dit un jour : « Ton frère t'aime, c'est pour toujours être avec toi qu'il est monté là-haut ». Parole d'enfant qui m'a fait mal, mais je n'ai pu m'empêcher d'y voir une innocente tentative de consolation. L'une des rares depuis tout ce temps. J'ai toujours eu mal, mais on dirait que je commence à peine à m'en apercevoir. J'ai fermé les yeux sur mes sentiments pour être à l'écoute de ma famille et voilà que j'en avais presque oublié que moi aussi, j'avais perdu des personnes que j'aime.
Oublier. Beaucoup le souhaitent ardemment, mais moi je l'ai fait sans même m'en rendre compte. J'ai commencé à laisser mes pensées s'égarer sur une feuille et ceci est un extrait de ce qui est sorti :
« Il y a si peu de mots pour exprimer tant de choses, que même tous les langages du monde ne pourraient traduire mes pensées. Fermer les yeux serait ma faute, ne pas m'écouter serait la tienne. Tends-moi la main juste un peu ou, s'il-te-plaît, serre-moi sur ton coeur. »
Sans même y penser avant, j'ai découvert ce que je cherchais. Une oreille. Depuis, je parle à mon frère, de qui j'étais très proche. Il m'écoute et me répond. J'arrive à l'entendre, criant : « Allô, tite-Caro ! » comme il m'appelait toujours. Je le vois aussi parfois, près de moi et souriant. Ce que j'essaie de dire, c'est que si je peux voir et entendre, tout le monde le peut. Mais il faut cesser d'avoir peur et « pardonner » la mort, sans nécessairement devoir l'accepter. L'incertitude sera toujours présente.
J.P., je t'aime et prends soin de ceux qui m'entourent. Je vais faire mon possible, mais je te fais confiance pour l'impossible. Au revoir !
Caro xxxxx
Ste-Hénédine (Québec)