J'ai perdu ma mère juste trois mois avant mes quatre ans. Elle n'est pas seulement morte, leurs silences, leurs actes l'ont tuée. Plus jamais ils ne m'en ont parlé. Je venais de nulle part, j'allais nulle part. Et pour ajouter à leur malheur, je lui ressemblais, je la leur rappelais.
Cela fait maintenant 27 ans, et c'est ma fille qui m'a appris à lui porter des fleurs. Je ne savais pas avant. Ils m'ont tout fait détester : ma vie, elle ne l'avait plus, le cimetière, elle y était, pas moi, mon anniversaire, personne pour me le fêter. Et le pire de tout : nier que j'avais eu une mère en me disant que je ne savais pas m'occuper de mes enfants.
J'ai fait « mon travail de deuil » grâce à mon psy, j'ai coupé les ponts avec toute ma famille, et samedi une inconnue m'a parlé au cimetière, elle m'a parlé de ma mère. Quelle ironie, ceux qui l'ont connue, l'ont effacée, ceux que je ne connais pas peuvent m'en parler...
Comment vivre au jour le jour sans mère ? Je me heurte à un mur de silence, d'incompréhension... Je ne peux combler son absence, je peux juste l'apprivoiser et vivre avec certains jours, et ne vivre que ça les autres jours.
Il y a-t-il quelqu'un pour me répondre ?
Cathy
(France)