J'ai perdu mon compagnon de vie dans un accident de la route il y aura 4 ans en janvier 2005. Nous avons été percutés par un homme ivre au volant de son véhicule, qui a tué Jean-Pierre et m'a mis dans le coma avec la nuque fracturée, une hémorragie cérébrale et un deuil profondément difficile parce que toute ma vie s'est arrêtée ce jour-là.     J'étais en pleine fusion avec mon homme. On venait d'acheter notre maison, notre nid, on avait décidé ce jour-là de se marier, et on essayait de faire un bébé qu'on appelait déjà Sacha, fille ou garçon... On était en pleine construction de vie de couple, de famille, et très heureux.

Tout a basculé en une seconde à cause d'un chauffard... Et j'ai toujours l'amour de Jean-Pierre en moi. C'est aussi comme si une partie de moi est partie avec lui, parce que j'ai été dans le coma 3 jours et que mon hémorragie s'est arrêtée au moment où Jean-Pierre s'est éteint... comme s'il m'avait donné la vie. Qui sais ? Je le crois, je le sens et cela m'est vraiment égal ce que les autres en pensent...

Il est là, mais il est dans son monde et l'amour ne part pas avec la mort, il reste présent dans le coeur et l'âme de chacun. Mais l'absence physique de la personne, sa voix, ses yeux, ses mains, est difficile. C'est pourquoi j'ai préservé précieusement ce lien d'amour universel...

Le pire, c'est ce monde où la mort est trop tabou et l'incompréhension des autres de la souffrance du deuil. Moi, je suis dans une phase d'isolement parce que j'en ai marre de subir l'incompréhension humaine.

Il y aurait tellement à faire dans cette Europe...

Ariane
(Belgique)