Il avait 34 ans, c'était un musicien surdoué avec des projets plein la tête. Sa gentillesse était reconnue par tous. Dans quelques semaines, il devait s'installer avec son Amour dans une maison que nous étions en train de rénover ensemble. Et le destin, ou je ne sais qui, en a décidé autrement : il a trouvé la mort dans un accident de la route alors que nous devions nous retrouver sur le chantier.
Comment comprendre un tel gâchis ? Qu'avons-nous fait pour subir un tel châtiment ? Depuis 8 semaines, la vie est devenue une véritable torture ; chaque jour, chaque heure, chaque minute une épreuve.
Les regrets, la culpabilité et surtout l'absence et le manque vous détruisent inexorablement. Et pourtant il faut rester debout pour l’entourage, pour le reste de la famille, pour LUI.
J'ai toujours été persuadé que pour toute épreuve que la vie rencontre sur son chemin, le temps faisait son travail. Mais vivre le départ de son fils est tellement contre nature... Cette cicatrice, énorme, inimaginable, fera souffrir jusqu'à la fin de mes jours. Comment avoir encore foi en l'avenir lorsque la vie a perdu son moteur, lorsque l'on se trouve amputé de ce qui nous animait.
Un père en plein désarroi...
André
(France)
Commentaires (3)
Bonsoir,
Je viens de voir votre message, mon fils de 27 ans est mort lui aussi dans un accident de la route, il y a un an. Ce n'est pas dans l'ordre des choses et c'est inacceptable. Je comprends votre douleur. Le manque est terrible à vivre, c'est une douleur quotidienne, qui m'accompagnera jusqu'au bout. Vous n'avez pas de culpabilité à avoir, nous n'avons malheureusement pas de prise sur les événements. Votre fils savait que vous l'aimiez, et c'est tout ce qui compte. J'avance au jour le jour, chaque jour est une épreuve. La vie "avant" s'est arrêtée, la vie maintenant ne peut plus être la même, mais il faut effectivement avancer pour lui, pour sa mémoire. La foi en l'avenir, je ne l'ai plus, je n'ai plus de projets.
En allant sur les forums, j'ai constaté que les parents en deuil sont nombreux, et de manière générale, nous traversons tous les mêmes étapes et difficultés dans ce deuil terrible. Êtes-vous entouré? Les proches ne comprennent pas toujours à quel point l'épreuve que l'on traverse est dévastatrice.
Je vous souhaite beaucoup de courage, je comprends votre souffrance.
Merci pour votre message et votre soutien.
Je réalise une fois de plus que seuls ceux qui ont traversé ce type d'épreuve peuvent se rendre compte de la douleur que nous éprouvons. Je pourrais reprendre chacun de vos mots. Aujourd'hui, après 10 semaines, je n'arrive pas vraiment à savoir ce que je ressens. De la résignation avec, chaque matin, ces moments terrifiants qui me font encore douter que ce cataclysme s'est bien produit. Des moments d'acceptation avec de terribles moments d'effondrement où je souhaiterais le rejoindre. Comment admettre que je ne le reverrai plus? Le manque engendre une souffrance contre laquelle il faut lutter en permanence.
Que la vie d'avant était belle! Celle qui suit est faite de peurs. Nous ne connaîtrons plus l'insouciance. Il nous faut reconstruire une nouvelle vie amputée de ce qui en était le moteur. C'est vrai que tant de parents connaissent la même situation et je suis véritablement bouleversé par les témoignages que je peux lire.
Je me console ou je me rassure en me disant qu'il ne connaîtra pas les aléas douloureux que la vie peut comporter. Pour votre fils comme pour le mien, il faut tenir et reconstruire. Que penseraient-ils s'ils nous voyaient à terre? Nos enfants seront fiers de nous si nous nous créons de nouveaux projets. Surtout si vous avez d'autres enfants; j'ai une fille, son frère était sa référence, son modèle.
Je sais que c'est facile à dire. J'ose espérer pouvoir parler de lui, dans quelques temps (mois,années?), avec douceur et sérénité. Alors je le sentirai là, avec moi, souriant et complice. Pour m'engager dans ce chemin, je recherche de l'aide à travers des lectures, en visionnant des conférences, en écoutant, en parlant... C'est pourquoi votre témoignage m'est précieux. L'appui de l'entourage est déterminant si on ne se heurte pas à des remarques du type "Encore là, il faut avancer..." La déception est la même si on ne nous parle pas de notre cher disparu alors que nous en avons un besoin infini. N'évoquer que les problèmes de confinement, même s'il faut les prendre au sérieux, paraissent dérisoires par rapport à ce que nous traversons.
Bon courage à vous aussi sur ce chemin que nous n'aurions jamais dû prendre.
Répondez-moi; un petit message. Je n'en peux plus.
André, 24 avril 2020