J'ai perdu mon père le 2 juin 2021. Cela faisait un peu plus de 10 ans que je m'occupais de lui et depuis 10 ans que je me battais avec lui face à un cancer d’un rein qu’on lui a retiré. Sauf qu'en septembre 2019 ils ont découvert que son dernier rein était également atteint par le cancer et en stade avancé. Ce jour-là, en entendant ça, mes yeux se sont remplis de larmes. Les médecins n'envisageaient pas de greffe, ni de chimio, ni de dialyse. Il y avait également des métastases sur les poumons.
Mon père venait d'avoir 67 ans le 1er avril 2021. Ça faisait 2 ans que j'avais pris mon chez-moi mais que je m'organisais pour aller le voir 2 fois par semaine, entre le travail, ma petite qui vient d'avoir 14 mois, la crèche et mon chez-moi. Je m'occupais de ses courses, ses rendez-vous, d’aller le voir le plus possible quand il était hospitalisé... Avant sa dernière hospitalisation, j'ai également dû l'aider pour se laver, s'essuyer et s'habiller. Ce 2 juin, en allant le voir à l'hôpital, il dormait le visage paisible. J'ai essayé de le réveiller une dizaine de fois et je n'ai pas réussi. Je me suis mise à pleurer, à lui faire des câlins, des bisous, lui dire que je ne voulais pas qu'il parte, que je l'aimais. Papa respirait encore et j'ai fini pars lui dire à l'oreille « Papa, c'est Nathalie, ça va aller ne t'en fait pas ». Les soignantes de l'après-midi ont fait leurs tours pour voir les patients et en venant voir papa elles ont vue qu'il faisait des pauses dans sa réparation. Elles ont interpellé le médecin, et là s'est abattu sur moi tout le poids du monde. Le médecin me dit « Madame, vous voulez venir auprès de votre père, ce sont ses derniers instants ». Je suis allée auprès de lui et lui ai tenu la main et avec l'autre je me tenais à la barrière du lit. Je sentais mes larmes, ma tristesse monter mais je me retenais. J'avais l'impression que l'on m'arrachait le cœur.
Aujourd'hui je n'ai toujours pas repris le travail, je suis auxiliaire de vie à domicile et tellement peur de craquer au travail, en repensant à mon père… m'occuper d'une personne et de finir en sanglots car je faisais également la toilette de papa, l’aidais à marcher, à aller aux toilettes. Je ne sais pas si j'arriverai à reprendre. Je n’arrive pas à le laisser partir, il me manque tellement et je revois cette scène essayant de le réveiller et ne pas y arriver, où le médecin m'annonce ses derniers instants, je me revois lui tenir la main pendant qu’il rendait son dernier soupir. Je m'en veux tellement de ne pas avoir pris plus de temps pour aller le voir tous les jours. J'ai un travail qui me fait prendre des journées entières et un conjoint qui part du lundi au vendredi. Le service n'accepte pas les enfants, j'ai essayé d'y aller le plus possible. Mais je m'en veux de ne pas avoir fait plus !
Lilie
(France)