Pierre mon amour,
Tu te souviens, j'avais dix-sept ans, toi vingt-sept, on a flirté, on a même été plus loin, tu as été le premier homme avec qui j'ai fait l'amour, je m'en souviens comme si c'était hier, et pourtant cela fait 32 ans...
Quelques mois après nous nous sommes séparés, pourquoi à cause de qui de quoi, j'en sais rien c'était comme ça... Des années après nous nous sommes retrouvés, nous nous sommes aimés à nouveau, tu supportais pas d'être séparé de moi et moi pareil ; nous nous cherchions des yeux dès que l'on s'éloignait l'un de l'autre, un simple regard disait « je t'aime ».
Quel bonheur de t'avoir retrouvé, et puis ce fameux jour... 13 septembre 2002 où tu entres à l'hôpital pour des examens car tu ne te sentais pas bien, et ce docteur dans le couloir qui me dit que tu as cette saleté de maladie « cancer ». Je suis revenue dans la chambre en prenant cet air dégagé pour ne pas t'apeurer, toi qui me dis « alors j'en ai pour 6 mois ? ». Non chéri j'avais envie de crier pas pour 6 mois mais seulement un, mais je ne dis rien j'ai pas le courage ; pourquoi tu ne t'es jamais plaint avant ; pourquoi tu as attendu d'être en phase terminale pour subir des examens qui ne servent plus à rien, pourquoi !!! J'ai mal je sais plus quoi te dire, 3 semaines seulement et puis tu es parti en me laissant seule avec mon désespoir.
Tu as souhaité rentrer à la maison la dernière semaine ; chaque minute je l'ai passée à ton chevet ; mon cœur s'est serré lorsque, 4 jours avant ton départ alors que tu te levais encore un peu, tu as découpé dans du papier un petit cœur sur lequel tu as écrit « je t'aime » et que tu l'as déposé sur la rose que j'avais mise dans un vase à ta place ; ce petit cœur en papier est depuis mon bien le plus précieux.
Tu avais 58 ans, trop jeune pour mourir.
Je t'aime Pierre.
Joëlle