À propos d'un anniversaire... Il y a deux ans que le maire, encadré par deux gendarmes, ont frappé à notre porte. Il était environ 20 heures, les enfants et moi chantions à tue-tête. Mon mari avait presque deux heures de retard, mais je n'ai pas compris.
C'était le 10 février 1998. Yvan était parti en montagne, et une fois de plus il n'était pas à l'heure. Tellement habituée à ce fonctionnement, je lui en ai presque voulu d'être une fois encore en retard. Mais quand les gendarmes ont été devant moi, j'ai imaginé plein d'autres choses, certes pas très agréables, mais pas ça.
Mais ce 10 février là, à 18 heures, Yvan est tombé, de 40 mètres. Les pitons fixés dans le rocher ont laché. Il est mort sur le coup. Je savais, sans doute plus que lui, le risque qu'il encourrait régulièrement en montagne. Je ne pouvais pas le retenir... Mais ce jour-là, à 20 heures, nous chantions à tue-tête avec les enfants, et quand les gendarmes étaient devant moi, je n'ai pas compris.
J'ai fui la montagne, avec nos enfants « sous le bras ». Je suis retournée d'où je venais, là où la montagne est distante, lointaine. J'ai remis les pieds dans les traces d'il y a 20 ans. Je ne suis pas sûre d'avoir bien fait...
Françoise
(France)